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Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat…
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir.
- Mais c'est impossible de refuser la guerre, Ferdinand ! Il n'y a que les fous et les lâches qui refusent la guerre quand leur Patrie est en danger...
- Alors vivent les fous et les lâches ! Ou plutôt survivent les fous et les lâches ! Vous souvenez-vous d'un seul nom par exemple, Lola, d'un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent ans ? ... Avez-vous jamais cherché à en connaître un seul de ces noms ? ... Non, n'est-ce pas ? ... Vous n'avez jamais cherché ? Ils vous sont aussi anonymes, indifférents et plus inconnus que le dernier atome de ce presse-papiers devant nous, que votre crotte du matin ... Voyez donc bien qu'ils sont morts pour rien, Lola ! Pour absolument rien du tout, ces crétins ! Je vous l'affirme ! La preuve est faite ! Il n'y a que la vie qui compte. Dans dix mille ans d'ici, je vous fais le pari que cette guerre, si remarquable qu'elle nous paraisse à présent, sera complètement oubliée... A peine si une douzaine d'érudits se chamailleront encore par-ci, par-là, à son occasion et à propos des dates des principales hécatombes dont elle fut illustrée... C'est tout ce que les hommes ont réussi jusqu'ici à trouver de mémorable au sujet les uns des autres à quelques siècles, à quelques années et même à quelques heures de distance... Je ne crois pas à l'avenir, Lola... »
Lorsqu’elle découvrit à quel point j’étais devenu fanfaron de mon honteux état, elle cessa de me trouver pitoyable le moins du monde … Méprisable elle me jugea, définitivement.
Elle résolu de me quitter sur le champ. C’en était trop. En la reconduisant jusqu’au portillon de notre hospice ce soir-là, elle ne m’embrassa pas.
Décidément, il lui était impossible d’admettre qu’un condamné à mort n’ait même pas reçu la vocation.
Louis Ferdinand Céline. Voyage au bout de la nuit.1932



Bonjour j’ai un commentaire de texte à faire sur ce texte merci de m’aider svp

Sagot :

Réponse :

Dans Voyage au bout de la nuit, le héros Ferdinand surprend souvent le lecteur et c'est pour le romancier Céline l'occasion de questionner le lecteur, de le déranger dans ses certitudes : se battre pour son pays est-il légitime ou peut-on s'y soustraire ? Nous verrons d 'abord l'intérêt du dialogue pour confronter deux thèses et nous analyserons ensuite les raisons avancées par Ferdinand pour déserter.

I. Un dialogue efficace

Deux personnages qui pourtant se connaissent, ont une liaison. Chacun va défendre une position et les deux thèses sont diamétralement opposées.
- La thèse de Lola : celui qui refuse de se battre pour la, par=trie est un fou ou un lâche. cette attitude est répugnante et il avance une comparaison avec le rat, l'animal à détruite puisqu'il, incarne le fléau.

- la thèse de Ferdinand : je suis un lâche et j'assume. Je choisis la vie.
II. Une diatribe contre la guerre

La position de Ferdinand est sans ambiguïté. Il avance ses arguments :

- ceux qui acceptent la guerre, quel que soit leur nombre ont tort

- il préfère la vie

- ceux qui meurent à la guerre sont les oubliés de l'histoire. Leur sacrifice n'a servi à rien.
- il va interroger Lola par des fausses interrogations, il va faire ses assertions, des exclamations qui prouvent son excitation à exprimer son point de vue.  Il va proposer aussi des comparaisons triviales : "plus inconnus que le dernier atome de ce presse-papiers devant nous, que votre crotte du matin ..."

- la guerre finie, elle n'intéresse que les historiens

Ce dialogue est inséré dans le récit et le personnage narrateur continue quitte à se dévaloriser. Dans le regard de Lola qui le quitte, il est "fanfaron, était honteux, pitoyable".
Les deux points de vue sont  définitivement irréconciliables.

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