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Sagot :
Réponse :
Le Voyageur Égaré
Le train de nuit s'ébranla, crachant des volutes de vapeur dans la nuit. Les passagers, engoncés dans leurs manteaux, se blottissaient contre les parois froides du compartiment. Parmi eux, un homme solitaire, le visage dissimulé sous un chapeau enfoncé jusqu'aux sourcils, observait le paysage défiler à travers la vitre embuée.
Il s'appelait Édouard, un modeste employé de bureau en quête d'aventure. La vie monotone de la ville l'avait étouffé, et il avait décidé de tout quitter pour un voyage vers l'inconnu. Mais ce soir-là, il avait commis une erreur. Il avait pris le mauvais train.
La lune éclairait les champs enneigés, les arbres décharnés, et les ombres qui se glissaient entre les rails. Édouard sentit une étrange présence dans le compartiment. Il se retourna, mais il n'y avait personne. Seul le grincement des roues sur les rails brisait le silence.
Le train ralentit, puis s'arrêta. Édouard descendit sur le quai désert. Il n'y avait pas de gare, pas de panneau indicateur. Juste une forêt sombre qui s'étendait à perte de vue. Il frissonna. Où était-il ? Comment avait-il atterri ici ?
Il s'enfonça dans la forêt, les arbres se refermant derrière lui comme des griffes. Le vent murmura des mots incompréhensibles, et les ombres dansaient autour de lui. Édouard marcha pendant des heures, sans trouver de chemin, sans croiser âme qui vive.
Soudain, il aperçut une lueur au loin. Une maison, perdue au cœur de la forêt. Édouard s'en approcha, espérant y trouver de l'aide. La porte grinça sur ses gonds, et il entra. L'intérieur était sombre, empli d'une odeur de vieux bois et de moisissure.
Une vieille femme était assise près de la cheminée. Elle avait des yeux perçants, comme si elle pouvait lire dans l'âme des gens. Elle leva la tête et sourit.
« Bienvenue, Édouard », dit-elle d'une voix rauque. « Tu es arrivé au bout de ton voyage. »
Édouard frissonna. Comment connaissait-elle son nom ? Et pourquoi était-il ici ?
La vieille femme lui tendit une tasse de thé. « Bois, lui dit-elle. Cela te réchauffera. »
Édouard but une gorgée. Le liquide était amer, mais il sentit une chaleur étrange se répandre dans son corps. Ses souvenirs se brouillèrent. Qui était-il ? D'où venait-il ?
La vieille femme lui sourit à nouveau. « Tu es chez moi, dit-elle. Ici, le temps n'existe pas. »
Édouard comprit alors. Il avait franchi une frontière invisible, un passage vers un autre monde. La forêt était un piège, et la vieille femme, une gardienne des âmes perdues.
Il se leva, prêt à repartir. Mais la vieille femme le retint. « Tu ne peux plus partir, dit-elle. Ton destin est scellé. »
Édouard se laissa tomber sur une chaise. Il avait tout perdu : son passé, son identité, sa vie d'avant. Il était prisonnier de ce lieu étrange, condamné à errer dans la forêt pour l'éternité.
La vieille femme lui caressa la joue. « Ne crains rien, murmura-t-elle. Ici, tu trouveras la paix. »
Édouard ferma les yeux. La forêt l'engloutit, et il se laissa emporter par le vent, les ombres, et la lueur de la lune. Il était devenu l'un des leurs, un voyageur égaré dans le temps et l'espace.
Et quelque part, dans un autre monde, un train de nuit continuait sa course, ignorant le passager qui avait disparu à jamais.
Fin
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