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Au lendemain de la mort du général de Gaulle, Jacques Fauvet, directeur du journal Le Monde résume ainsi la carrière de l’ancien Président de la République.

De Gaulle, pour l’Histoire, c’est et ce sera à jamais l’homme du 18 juin 1940... Il restera l’homme qui, seul, aura dit « non » à la défaite de la France... De tous ces refus, ceux que retiendra davantage l’histoire politique ont été plus calculés. «Non» au pouvoir qu’il délaisse le 20 janvier 1946 avec l’espoir sans doute que l’appel du vide l’y ramènerait bien vite; «non» à la constitution de la IVe république qu’il croit mort-née et combat jusqu’au jour où la «faillite» des illusions lui fera dire «non» à son propre mouvement, le RPF, le 6 mai 1953; et le temps du «recours», alors prophétisé, survenantenfin cinq ans plus tard, ce sont les refus opposés à ceux qui veulent chicaner les conditions de son retour, puis discuter l’exercice envahissant de son pouvoir personnel; ce sont les grandes et cruelles heures de la guerre d’Algérie, où il atteint au zénith de sa popularité d’un côté de la Méditerranée et à l’abîme de l’impopularité de l’autre, et qui lui font dire, dans le plus pur style gaullien, «non» aux généraux de la fronde de 1961. Qui se souvient du visage qui apparut alors souverain sur le petit écran, comme plus tard, de sa voix impérieuse, le 30 mai 1968 : « Eh bien ! Non, la République n’abdiquera pas, le peuple se ressaisira... ». L’ambitieux du premier rang », tel qu’il se décrivait aussi il y a quarante ans, c’était bien lui, qui souffrait tant que la France ne fût plus un grand pays dictant sa loi au monde, à défaut de quoi il donnait à tout vent, d’ouest en est, des leçons aux Grands. On l’écoutait autant, mais comme on le fait d’un acteur, d’un artiste du verbe ; on le suivait de moins en moins, alors même que son seul tort était d’avoir raison trop tôt ou de parler trop haut... Le dernier acte du référendum était, lui aussi, un refus et une ambition, le refus d’en rester aux mauvais souvenirs et au verdict incertain de mai, l’ambition de rénover en profondeur les structures du pays et les rapports sociaux. Mais il était bien tard, trop tard. Peu d’hommes ont voulu plus que lui, de sa jeunesse à sa mort, s’identifier autant à la France.
J. Fauvet, Le Monde, 11 novembre 1970


1. Expliquez l’expression : « l’homme du 18 juin 1940 ». À qui, à quoi le général dit-il non ce 18 juin 1940 ? (3 points)
2. Que représente le général de Gaulle à la fin de la guerre ? Pourquoi, alors, rejette-t-il le pouvoir en janvier 1946 ? (3 points)
3. Expliquez : « le temps du recours, alors prophétisé, survenant enfin 5 ans plustard... » (2 points)
4. À qui, à quoi le général oppose-t-il un non le 30 mai 1968 ? (3 points)
5. « Il donnait à tout vent, d’ouest en est, des leçons aux Grands ». Qui sont ces « Grands» ? Pouvez-vous donner un exemple de ces leçons administrées aux Grands ? (2 points)
6. À quel événement Jacques Fauvet fait-il allusion en parlant du « dernier acte du référendum » ? (3 points)

Sagot :

Réponse:

1. Expliquez l'expression: « l'homme du 18 juin 1940 ». À qui, à quoi le général dit-il non ce 18 juin 1940? (3 points)

L'expression « l'homme du 18 juin 1940 » fait référence à l'appel historique lancé par le général de Gaulle depuis Londres sur les ondes de la BBC. Ce jour-là, de Gaulle exhorte les Français à continuer la lutte contre l'Allemagne nazie, malgré la capitulation imminente du gouvernement français dirigé par le maréchal Pétain. En disant « non » le 18 juin 1940, de Gaulle refuse la défaite et la collaboration avec les nazis, appelant au contraire à la résistance et à la poursuite du combat pour la liberté de la France.

2. Que représente le général de Gaulle à la fin de la guerre ? Pourquoi, alors, rejette-t-il le pouvoir en janvier 1946? (3 points)

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle représente la légitimité et la continuité de l'État français libre et souverain, en opposition au régime de Vichy. Il est considéré comme le chef de la France libre et le libérateur de la nation. En janvier 1946, de Gaulle rejette le pouvoir parce qu'il désapprouve le système politique proposé par la nouvelle constitution de la IVe République, qu'il estime instable et inefficace. Il espère que son départ forcera une réévaluation du système politique et éventuellement son rappel dans des conditions plus favorables à ses idées de gouvernance.

3. Expliquez: « le temps du recours, alors prophétisé, survenant enfin 5 ans plus tard... » (2 points)

Cette phrase se réfère au retour au pouvoir de Charles de Gaulle en 1958. Après avoir quitté la scène politique en 1953, de Gaulle est rappelé en 1958 lors de la crise de la guerre d'Algérie et l'effondrement de la IVe République. Ce retour, prophétisé par de Gaulle et ses partisans comme un moment où la France aurait à nouveau besoin de lui, marque le début de la Vème République avec une nouvelle constitution renforçant l'exécutif.

4. À qui, à quoi le général oppose-t-il un non le 30 mai 1968? (3 points)

Le 30 mai 1968, de Gaulle s'oppose au mouvement de Mai 68, une série de manifestations et de grèves qui secouent la France, menées principalement par des étudiants et des ouvriers demandant des réformes sociales et politiques. En prononçant son discours ce jour-là, de Gaulle affirme la continuité et la stabilité de la République, refusant de céder aux pressions des manifestants et annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale, ce qui conduit à des élections législatives.

5. « Il donnait à tout vent, d'ouest en est, des leçons aux Grands ». Qui sont ces « Grands » ? Pouvez-vous donner un exemple de ces leçons administrées aux Grands? (2 points)

Les « Grands » font référence aux grandes puissances mondiales de l'époque, notamment les États-Unis et l'Union soviétique, ainsi que d'autres pays influents. Un exemple de ces leçons est la politique de non-alignement de de Gaulle pendant la Guerre froide. Il critique ouvertement la domination des deux superpuissances et prône une Europe indépendante des blocs américains et soviétiques, comme en témoigne son discours de Phnom Penh en 1966 où il condamne l'intervention américaine au Vietnam.

6. À quel événement Jacques Fauvet fait-il allusion en parlant du « dernier acte du référendum » ? (3 points)

Jacques Fauvet fait allusion au référendum du 27 avril 1969, où de Gaulle propose une réforme du Sénat et des régions. Le rejet de cette réforme par les électeurs est perçu comme un vote de défiance envers de Gaulle. Suite à l'échec du référendum, de Gaulle, fidèle à sa promesse, démissionne de la présidence de la République. Cet événement marque la fin de son influence directe sur la politique française.

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