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Svp j’ai besoin de faire l’introduction de ce texte :

Enfant trouvé dans les forêts de Lithuanie.

Tel était vraisemblablement le sort d'un enfant d'environ dix ans, qui vivait parmi les ours, et qu'on trouva en 1694, dans les forêts qui confinent la Lithuanie et la Russie. Il ne donnait aucune marque de raison, marchait sur ses pieds et sur ses mains, n'avait aucun langage, et formait des sons qui ne ressemblaient en rien à ceux d'un homme. Il fut longtemps avant de pouvoir proférer quelques paroles, encore le fit-il d'une manière bien barbare. Aussitôt qu'il put parler, on l'interrogea sur son premier état ; mais il ne s'en souvint non plus que nous nous souvenons de ce qui nous est arrivé au berceau.

Pourquoi on dit qu'il ne donnait aucun signe de raison.

Quand on dit que cet enfant ne donnait aucun signe de raison, ce n'est pas qu'il ne raisonnât suffisamment pour veiller à sa conservation, mais c'est que sa réflexion, jusqu'alors appliquée nécessairement à ce seul objet, n'avait point eu occasion de se porter sur ceux dont nous nous occupons. Il n'avait aucune des idées que notre statue (1) a acquises lorsqu'elle connaissait d'autres besoins que celui de chercher des aliments : il manquait de toutes les connaissances que les hommes doivent à leur commerce réciproque. En un mot, il paraissait sans raison, non qu'absolument il n'en eût point ; mais parce qu'il en avait moins que nous.

Pourquoi il oublia son premier état.

Quelquefois notre conscience partagée entre un grand nombre de perceptions qui agissent sur nous avec une force à peu près égale, est si faible, qu'il ne nous reste aucun souvenir de ce que nous avons éprouvé. À peine sentons-nous pour lors que nous existons : des jours s'écouleraient comme des moments, sans que nous en fissions la différence ; et nous éprouverions des milliers de fois la même perception, sans remarquer que nous l'avons déjà eue. Un homme qui a acquis beaucoup d'idées, et qui se les est rendues familières, ne peut pas demeurer longtemps dans cette espèce de léthargie. Plus la provision de ses idées est grande, plus il y a lieu de croire que quelqu'une aura occasion de se réveiller, d'exercer son attention d'une manière particulière, et de le retirer de cet assoupissement. Cet enfant n'avait pas un pareil secours. Ses facultés engourdies ne pouvaient être secouées que par le besoin de chercher de la nourriture ; et sa vie ressemblait à un sommeil, qui ne serait interrompu que par des songes. Il était donc naturel qu'il oubliât son premier état.
Etienne Bonnot de CONDILLAC, Traité des sensations (1754).
(1 ) Condillac a imaginé dès le départ ce que percevrait une « statue » si elle devait s’animer progressivement, un sens après l’autre : d’abord, l’odorat etc.

Sagot :

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