Je vis, je meurs
Je vis, je meurs; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure:
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés dejoie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint¹ grief² tourment j'endure;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur³,
Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé, Sonnets, 1555.
Que pouvait vous en déduire sur l’énonciation du poème et l’expression du sentiment amoureux par là poétesse?