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Français : bilan type brevet n°1
Lisez attentivement et plusieurs fois le texte suivant :
A quarante-six ans, Romain Gary livre ses souvenirs dans La Promesse de l'aube. Dans ce passage,
il raconte comment, enfant, il a rencontré son premier amour.
Elle avait huit ans et elle s'appelait Valentine. Je pourrais la décrire longuement et à
perte de souffle, et si j'avais une voix, je ne cesserais de chanter sa beauté et sa douceur.
C'était une brune aux yeux clairs, admirablement faite, vêtue d'une robe blanche et elle
tenait une balle à la main. Je l'ai vue apparaître devant moi dans le dépôt de bois, à
l'endroit où commençaient les orties, qui couvraient le sol jusqu'au mur du verger voi-
sin. Je ne puis décrire l'émoi qui s'empara de moi : tout ce que je sais, c'est que mes
10 jambes devinrent molles et que mon cœur se mit à sauter avec une telle violence que
ma vue se troubla. Absolument résolu à la séduire immédiatement et pour toujours, de
façon qu'il n'y eût plus jamais de place pour un autre homme dans sa vie, je fis comme
ma mère me l'avait dit et, m'appuyant négligemment contre les bûches, je levai les yeux
vers la lumière pour la subjuguer. Mais Valentine n'était pas femme à se laisser impres-
sionner. Je restai là, les yeux levés vers le soleil, jusqu'à ce que mon visage ruisselât de
larmes, mais la cruelle, pendant tout ce temps-là continua à jouer avec sa balle, sans
paraître le moins du monde intéressée. Les yeux me sortaient de la tête, tout devenait
feu et flamme autour de moi, mais Valentine ne m'accordait même pas un regard.
Complètement décontenancé par cette indifférence, alors que tant de belles dames,
dans le salon de ma mère, s'étaient dûment extasiées devant mes yeux bleus, à demi
aveugle et ayant ainsi, du premier coup, épuisé, pour ainsi dire, mes munitions, j'essuyai
mes larmes et, capitulant sans conditions, je lui tendis les trois pommes vertes que je
venais de voler dans le verger. Elle les accepta et m'annonça, comme en passant : « Ja-
nek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste. >>
C'est ainsi que mon martyre commença.
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J'avais déjà près de neuf ans lorsque je tombai amoureux pour la première fois. Je
fus tout entier aspiré par une passion violente, totale, qui m'empoisonna complètement
l'existence et faillit même me coûter la vie.
ROMAIN GARY, La Promesse de l'aube
Bilan n°1 : session de rattrapage
1/ Quel projet Romain forme-t-il dès qu'il rencontre Valentine ? (Observez précisément la manière dont il
est formulé.) Que pensez-vous d'un tel projet annoncé par un enfant de huit ou neuf ans ?
2/ Au début, Romain pense-t-il que ce sera facile ou difficile ? Qu'est-ce qui lui donne cette opinion ? Quel
rapport de force imagine-t-il entre Valentine et lui ?
3/a. Tout se passe-t-il comme prévu ? Pourquoi ?
b. Dans quelle situation peu ordinaire se retrouve-t-il ? Comment pourrait-on la qualifier ?
c. Avec le recul, que pourrait-on dire de l'opinion que Romain avait de lui-même au début de l'épisode?
4/ Quelles sont les « munitions » dont parle le narrateur 1. 21 ? Pourquoi dit-il qu'il «capitule » quand il
donne ses pommes à Valentine ? Quelle est l'évolution du rapport de force ?
5/«< Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste » (1. 24): cette phrase fait-elle encore
évoluer le rapport de force ? Comment ? Expliquez.
6/ « C'est ainsi que mon martyre commença » (1. 25): imaginez la suite (entre cinq et dix lignes).
Questions de synthèse
7/ A votre avis, quel regard le narrateur pose-t-il sur le personnage de Romain tel qu'on le voit dans cet
extrait ? Aidez-vous de vos réponses aux précédentes questions.
8/ Quel est d'après vous le thème de cet extrait ? Pourquoi pensez-vous que Romain Gary a choisi de
raconter cet épisode?