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doc 4 :

Le 23 juin 1848, 4 mois après la proclamation de la
République, une insurrection de la misère éclate
dans les quartiers ouvriers de Paris suite à la ferme-
ture des ateliers nationaux. Les députés, dont Toc-
queville, votent des mesures de répression.
L'insurrection fut de telle nature que toute tran-
saction avec elle parut sur-le-champ impossible et
qu'elle ne laissa, dès le premier moment, d'autre
alternative que de la vaincre ou de périr. [...] [À
l'Assemblée] il s'agissait de voter un décret qui
mît Paris en état de siège² [...]. Je me levai contre
[ce] paragraphe ; je le fis par instinct plus que par
réflexion. J'ai naturellement un tel mépris et une si
grande horreur pour la tyrannie militaire que ces
sentiments se soulevèrent en tumulte dans mon
cœur, quand j'entendis parler de l'état de siège, et
dominèrent ceux mêmes que le péril faisait naître.
En ceci, je fis une faute qui, fort heureusement, eut
assez peu d'imitateurs. [...] [On dit que] les partisans
du général Cavaignac³ avaient répandu à dessein des
bruits sinistres afin de hâter le vote. Si ceux-ci ont,
en effet, employé cette supercherie, je le leur par-
donne volontiers, car les mesures qu'ils firent ainsi
prendre étaient indispensables au salut du pays.
Alexis de Tocqueville, Souvenirs, chap. 9, 1893.

1. Ateliers ouverts par l'État en mars 1848 pour proposer
du travail aux chômeurs parisiens.
2. Décision de placer une ville au pouvoir de l'armée. Les
libertés sont suspendues.
3. Général à qui est confié le pouvoir pendant les jours
de répression.




→Qu'est-ce qui pour Tocqueville justifie
la « tyrannie militaire » en juin 1848?

merci !!