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Ce texte est extrait d'une interview d'une sociologue, Sophie Dubuisson-Quellier (SDQ), sur la question
de ce que peuvent faire les individus face aux changements climatiques, par un journaliste du Monde.
(...) L'incitation aux gestes individuels pour faire face à l'urgence climatique vous semble-t-elle
utile ?
SDQ: D'un côté on peut se demander: « Que peuvent faire les consommateurs en tant qu'individu ? »,
c'est-à-dire: «Qu'est ce qui est à leur portée ? Quelle est aussi la portée de ces actions individuelles à
travers la consommation engagée ? » Et puis, de l'autre côté, notamment de la part des pouvoirs publics, il
y a des injonctions très fortes qui s'adressent aux individus pour leur dire: «Eh bien, vous devez vous
responsabiliser, vous devez faire attention, vous devez penser à vous, à vos gestes individuels, pour
préserver le climat. » Donc, on est vraiment dans une situation où on attend énormément des individus.
D'ailleurs, on déploie aussi toute une politique publique pour les mobiliser.
Pourquoi n'êtes-vous pas à l'aise avec cette idée d'inciter à des gestes individuels pour préserver le
climat? Diminuer ses trajets en voiture, changer sa chaudière à gaz ou manger des produits locaux,
cela a-t-il un impact malgré tout ?
Tout simplement parce que la sociologie nous apprend en fait que beaucoup de ce qui relève des
comportements individuels est inscrit dans des dimensions très collectives. Elles ont un poids tel que ça
oriente ou contraint fortement les décisions individuelles. L'exemple de la chaudière à gaz est très
intéressant: on peut se poser la question de ce choix d'équipement. Qu'est-ce qui relève d'une décision
prise à un moment donné, optimisée, réfléchie, responsable ? Et qu'est-ce qui relève d'un équipement qui
était déjà dans un logement ? Cet exemple montre qu'une grosse partie de ce qui est pensé comme nos
choix individuels relève en fait de cette organisation collective.
C'est la même chose sur le sujet des déplacements. Les renvoyer à de l'arbitrage individuel, c'est faire
l'hypothèse que, par exemple, chaque matin, vous partez de chez vous et vous avez devant vous plusieurs
options: <« à zéro les compteurs. Bien sûr, les choses ne se passent pas du tout comme ça. La plupart de nos
comportements de mobilité sont encastrés - c'est vraiment le mot- dans toute une série de choses qui sont
très collectives: en premier lieu, l'aménagement du territoire. Si vous êtes à la campagne, prendre le bus
ou le vélo, ce n'est pas forcément possible. Et puis, il y a toute l'organisation familiale qui fait que c'est
vous le mardi matin qui allez déposer les enfants par exemple, et donc il n'est pas possible, ce jour-là, de
prendre le vélo. On observe une forte dimension collective dans nos gestes individuels qu'il faut prendre
en compte avant de construire ces injonctions aux individus.
Source : Nabil Wakim, Sophie Dubuisson-Quellier, sociologue: «L'injonction aux "petits gestes"
Doc 3- Un regard de sociologue sur les « petits gestes >> individuels
Q1. Expliquez la phrase soulignée à l'aide des deux exemples donnés par la sociologue : le choix d'une
chaudière et le choix d'un moyen de transport.
Q2. Quelle critique la sociologue adresse-t-elle alors aux politiques publiques qui appellent les individus à
changer de comportement ?
Q3. Reprenons l'exemple des moyens de transport. Si l'on suit l'analyse de la sociologue, que pourrait faire
une mairie ou une Région pour aider/contraindre les individus à modifier leurs comportements?

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