Telle était la forêt qu'avait attirée le chantre' divin (Orphée), assis au milieu d'un cercle de bêtes sauvages et d'une multitude d'oiseaux. Après avoir essayé les cordes de sa lyre² en les faisant vibrer sous son pouce et s'être assuré que leurs sons, quoique différents, produisaient des accords harmonieux, il chanta ainsi: «C'est par Jupiter, ô Muse, ma mère, que doivent commen- cer les chants que tu m'inspires (car Jupiter tient le monde entier sous ses lois); Jupiter, bien souvent déjà, m'a entendu célébrer sa puissance par le passé. M'accompagnant d'un plectre plus lourd pour ma main, j'ai chanté les Géants et la foudre victorieuse lancée sur les champs de Phlégra. Aujourd'hui 10 il me faut une-lyre plus légère: chantons [...]. Ovide, «Ganymède », Les Métamorphoses, X, 135-159, trad. du latin par Georges
Lafaye, Gallimard, «Folio classique», 1992.
1. Chantre: étymologiquement, «chanteur». Ce mot désigne plus généralement un poète.
2. Lyre: instrument à cordes pincées, symbole de l'inspiration et du talent poétique.
3. Plectre: baguette de bois, d'ivoire ou de métal, à l'extrémité parfois recourbée, qui servait à faire vibrer les cordes de la lyre ou de la cithare. Comprendre le document
1. Qui est la source d'inspiration du chant d'Orphée?
2. Quel lien peut-il y avoir entre un plectre «lourd >> et le sujet traité, «les Géants et la foudre victorieuse>>?
3. En quoi la nature est-elle personnifiée dans ce texte?
4. Quel est le premier sujet abordé par Orphée dans son poème chanté? Justifiez votre réponse.