Bonjour j'aurais besoin d'aide pour le commentaire linéaire de ce texte :
"Et voici que, sans hâte, il a amorcé un quart de tour. À la seconde même où il se
présentera de face, tout sera accompli. À la seconde même où il regardera vers nous, il aura déjà
effacé en nous la soif, la mort et les mirages. Il a amorcé un quart de tour qui, déjà, change le
monde. Par un mouvement de son seul buste, par la promenade de son seul regard, il crée la vie, et
il me paraît semblable à un dieu…
C’est un miracle… Il marche vers nous sur le sable, comme un dieu sur la mer…
L’Arabe nous a simplement regardés. Il a pressé, des mains, sur nos épaules, et nous lui
avons obéi. Nous nous sommes étendus. Il n’y a plus ici ni races, ni langages, ni divisions… Il y a ce
nomade pauvre qui a posé sur nos épaules des mains d’archange.
Nous avons attendu, le front dans le sable. Et maintenant, nous buvons à plat ventre, la
tête dans la bassine, comme des veaux. Le Bédouin s’en effraie et nous oblige, à chaque instant, à
nous interrompre. Mais dès qu’il nous lâche, nous replongeons tout notre visage dans l’eau.
L’eau!
Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans
te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie: tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne
s’explique point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions
renoncé. Par ta grâce, s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur . Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure
au ventre de la terre. On peut mourir sur une source d’eau magnésienne
. On peut mourir à deux
pas d’un lac d’eau salée. On peut mourir malgré deux litres de rosée qui retiennent en suspens
quelques sels
. Tu n’acceptes point de mélange, tu ne supportes point d’altération, tu es une
ombrageuse divinité…
Mais tu répands en nous un bonheur infiniment simple.
Quant à toi qui nous sauves, Bédouin de Libye, tu t’effaceras cependant à jamais de ma
mémoire. Je ne me souviendrai jamais de ton visage. Tu es l’Homme et tu m’apparais avec le visage
de tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà tu nous as reconnus. Tu es le
frère bien-aimé. Et, à mon tour, je te reconnaîtrai dans tous les hommes.
Tu m’apparais baigné de noblesse et de bienveillance, grand seigneur qui as le pouvoir
de donner à boire. Tous mes amis, tous mes ennemis en toi marchent vers moi, et je n’ai plus un
seul ennemi au monde."
s'il vous plait