Danlo
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J'ai une disserte un philo le sujet est : Pourquoi dit on que la philosophie est née du mythe et contre le mythe ?

Le plan est en trois parties et la deuxième est les similitudes entre mythe et philo (la raison). Le soucis c'est que je n'ai pas énormément d'idée si ce n'est leur objectif : Sortir l'homme de l'ignorance

Si quelqu'un a d'autres arguments svp :)

Sagot :

Réponse : Bonjour j'ai fait ce que j'ai pu

Cette première partie met en avant l'opposition entre mythe et philosophie, opposition

qui peut être comprise grâce à l'opposition entre les termes grecs de muthos et de logos. La

philosophie définie comme un mode de réflexion et de recherche, un type de discours

rationnel (logos), s'oppose en effet au mythe défini comme un récit légendaire ou fabuleux,

d'origine populaire et non réfléchie qui, sous forme narrative, raconte les faits et gestes de

personnages réels ou imaginaires (ce que les grecs nomment le muthos). Comme Jean-Pierre

Vernant l'a montré dans son étude sur les origines de la pensée grecque4

, la philosophie, c'està-dire le discours rationnel sur le monde, naît en Grèce au VIème siècle avant Jésus-Christ et

prend progressivement la place du mythe, jusque là dominant au sein de la culture grecque

archaïque, en proposant un autre modèle de discours, un autre type de pensée, rationnel, qui

s'oppose au discours mythologique. Le logos prend, à partir de ce moment de l'histoire de la

pensée grecque, la place du muthos. En ce sens, la philosophie a pour but de remplacer le

mythe et devrait donc l'exclure de sa tentative d'explication du monde. Le discours rationnel,

scientifique, s'oppose ainsi au récit mythologique que le philosophe devrait dès lors mettre de

côté, car invérifiable. Vraisemblable, le discours mythologique ne répondrait pas à l'objet de la

philosophie, qui est le vrai, critique partagée par Platon.

1) Muthos et logos

Nous pouvons commencer notre analyse de l'opposition entre mythe et philosophie par

l'analyse historique des termes grecs muthos et logos. Le premier sens de muthos est la parole

exprimée, et, par extension, le récit. Mais à partir d'Homère (Vème siècle av. J.-C.), le terme

grec prend également le sens plus précis de légende, récit non historique, qui s'oppose alors au

logos, qui est également la parole, et donc par extension un récit d'histoire, mais une histoire

vraie, dont on a un témoignage5

. Or, jusqu'au Vème siècle, il n'y a pas de différenciation dans

la langue grecque entre le muthos, qui est un récit légendaire, et le logos, qui est un discours,

une fable. Jusqu'au Vème siècle, muthos et logos sont donc synonymes. Ce n'est que par la

suite que logos va prendre le sens d'histoire vraie, validée, en quelque sorte, par le

témoignage. Pourquoi ce changement? Parce qu'au Vème siècle, Hérodote et Thucydide vont

écrire des histoires différentes des mythes. Ils vont prendre leur distance avec ces récits

légendaires et décider de n'écrire que ce qu'ils ont vu de leurs propres yeux, ou ce que des

4 Vernant J.-P. (1962).

5 Plus tard encore, au temps de Platon notamment, muthos prend également le sens de récit fabuleux, de conte,

par opposition à alêthes, le vrai, ce qui n'est pas caché. Cette double opposition est rappelée par le

dictionnaire Grec-Français Bailly, p. 1303.

4

témoins ont pu voir. L'histoire, le logos, devient alors synonyme de témoignage, et le mythe

se distingue dès lors de l'histoire, le muthos se distingue du logos, qui n'admet pour vrai que

ce que l'on a vu6

.

De la même manière que l'histoire nécessite un témoignage pour être qualifiée de

vraie, l'explication du monde que propose le mythe va devoir, pour pouvoir être qualifiée de

vraie à son tour, changer de statut: l'explication du monde va devenir rationnelle. C'est ce

passage de l'explication mythologique à l'explication rationnelle du monde que Jean-Pierre

Vernant analyse dans son ouvrage sur les origines de la pensée grecque, et qu'il nomme « le

miracle grec »

7

. En effet, au VIème siècle avant J.-C., à Milet, apparaissent les premières

explications rationnelles du monde, et donc, selon J.-P. Vernant, les premiers philosophes, les

Milésiens: « c'est à travers l'élaboration d'une forme de rationalité et d'un type de discours

jusqu'alors inconnus que la pratique philosophique et le personnage du philosophe

émergent »

.