Sagot :
A travers la situation de fable, l’auteur montre aux lecteurs
un défaut de la société, ou une morale, sans pour autant avoir recours à un fait réel.
L’auteur peut perfectionner l’histoire pour mieux illustrer et argumenter. Ce
genre littéraire possède un autre avantage : celui d’exagérer, de vulgariser
afin d’atteindre un public plus large.
En utilisant ce moyen, l’auteur rend accessible son œuvre à plus de lecteurs du
fait que la fable semble s’adresser à celui-ci. De plus la morale est plus
facilement perceptible quand elle est directement affirmée d’une personne à une
autre plutôt qu’implicitement à travers un roman. Les anecdotes extrêmes,
hyperboliques sont facilement aptes à convaincre.
Les auteurs de fables utilisent volontairement les coïncidences et les
exagérations pour arriver à l’effet plus frappant de la leçon. Dans la fable de
Jean de La Fontaine, Les deux Coqs, l’histoire n’aurait pas illustré
correctement la morale si le coq vainqueur n’avait pas été mangé par le
vautour. Les exagérations et les coïncidences volontaires permettent de
perfectionner l’œuvre et sa morale, rendue ainsi convaincante. Le concret et
l’extrême sont des caractéristiques de la fiction et de bons moyens pour
convaincre un lecteur.
Le comique est
d’une part un bon moyen pour persuader du fait que le lecteur peut être plus
réceptif au message que veut faire passer l’auteur. Dans la fable de La
Fontaine Le Lion le Loup et le Renard, l’humour tient une place importante de
part le tableau burlesque des intrigues et la cour. Le loup est un courtisant
médisant qui daube son camarade le Renard, qui, malin et fin stratège tient une
parole habile auprès du roi qui engendre la mort du Loup.
Le pathétique est, d’autre part, un registre qui
touche du lecteur et atteint ses sentiments. Voltaire, en reprenant la forme
traditionnelle du conte, la modifie pour en faire un conte philosophique
amusant et sérieux à la fois. Il mêle l’humour et le pathétisme pour faire
réagir le lecteur, la dénonciation est alors efficace. Dans le dernier chapitre
de l’Ingénu, Mademoiselle de Saint Yves meurt de remord, de chagrin, de regret
d’avoir trompé son bien aimé, qui, quant à lui, vivra rempli de tristesse
jusqu’à la fin de sa vie. C’est le cas par exemple dans Candide, lorsque ce
dernier rencontre un esclave "nègre" maltraité, humilié
qui affirme que le traitement qu’on lui fait subir est "l’usage".
Cette ironie s’oppose au pathétique exprimé par la désillusion de l’esclave et
l’espoir de sa famille au vu de sa situation. La fiction fait donc appel aux
sentiments du lecteur afin de le persuader.
La possibilité d’interprétation variable d’un texte est également présente dans
la fable de La Fontaine La Cigale et la Fourmi. Il est difficile de prendre
partie pour l’une ou l’autre, cela dépend alors simplement du lecteur, malgré
la morale précise apportée à la fin de la fable. Les œuvres de fiction, si
elles sont lues naïvement, peuvent être prises au premier degré et laissent
d’autre part une importante liberté d’interprétation au lecteur. Ce qui n’est
pas efficace quant à l’argumentation.
Un compromis entre les œuvres de fictions et les questions philosophiques doit
être possible pour convaincre sans dépasser le lecteur par des histoires
totalement exagérées et surréalistes. L’essai pourrait en effet être une bonne
alternative à cela. Voltaire utilise entre autres ce genre littéraire, ses
Lettres philosophiques de 1734 en sont un exemple évident. Elles traitent de
sujets différents dont l’auteur suggère un point de vue.
La fable est un bon recours pour convaincre
le lecteur dans le sens où elle permet d’exagérer, de pousser l’histoire à
l’extrême tout en restant parfois dans des histoires ou des exemples concrets.
Elle fait également appel aux sentiments du lecteur de part ses éventuels
registres pathétiques, ironiques, voir comique, cela permet de le persuader. De
plus elle a le pouvoir de créer une distance à la réalité en choisissant par
exemple pour personnage principale un étranger ou bien en créant un
nouveau monde. Cependant, elles admettent des limites quant à l’argumentation
et ne sont toujours pas le meilleur moyen convaincre. Parfois la fiction
dépasse de trop loin la réalité, et de ce fait, le lecteur ne la prend plus au
sérieux en sachant pertinemment que les faits racontés sont fictifs et ne
peuvent pas réellement arriver. Elles laissent par ailleurs une importante
liberté d’interprétation au lecteur qui ne comprend alors pas forcément le
message que l’auteur veut faire passer. L’essai est en revanche un bon moyen
pour convaincre en faisant appel à la raison et en démontrant les pensées de
l’auteur par des faits réels ou historiques. En effet, d’autres genres
littéraires parviennent plus aisément de convaincre le lecteur on note entre
autres l’essai, le poème polémique ou encore le pamphlet.