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Je dois écrire une histoire hereuse de 15 ligne ! Aucun thèmes mais il faut que sa soit réaliste, merci d’avance !

Sagot :

Shooter dans les marrons. Les regarder filer, rouler, rebondir. Viser les pigeons qui ne m'ont rien fait. Les dégommer. Sourire. Rire. Lorsque les volatiles s'envolent pour se poser plus loin.

J'avise une flaque d'eau croupie, me laisse tenter, saute dedans à pieds joints. Floc. Floc. Les gerbes m'entourent. Les gouttes s'éparpillent sur le macadam.

À une femme qui me zieute de travers, je tire la langue. Elle s'éloigne, outrée, entraînant sa fille dans son sillage. Pauvres créatures qui ne savent pas ce qu'elles perdent.

Je m'amuse. Je m'éclate.

J'ai dix ans.

Et je me fous des grincheux, des rabat-joie, des adultes. Je fais ce que je veux. Je crie. Je chante. Quoi qu'ils en pensent. Quoi qu'ils en disent.

En toute innocence. En toute insouciance. Je profite de l'instant présent.

Mais bientôt, le devoir m'appelle.

Je quitte ma flaque à regret. Le pantalon trempé. Les chaussures inondées. Je traverse la rue.

Mes pieds font un drôle de bruit. C'est trop marrant.

J'envoie valdinguer les marrons qui se trouvent sur mon chemin. L'un d'eux rencontre une portière. Bong. Pas grave. Un autre s'arrête au pied d'un homme qui marche en sens inverse sans rien remarquer. Lui arrive-t-il seulement d'ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure ? Sur les marrons. Sur les pigeons. Sur ces inconnus qui sautent dans les flaques. N'a-t-il jamais envie de quitter cette trajectoire qu'il suit chaque matin ? A-t-il peur du ridicule ? Il ne me voit pas. Suis-je transparent ?

J'entre dans le bâtiment, salue l'hôtesse d'accueil, sors mon badge, pointe, passe le portique.

La porte de l'ascenseur s'ouvre. J'hésite. Une fraction de seconde. L'instant décisif. La journée qui m'attend défile sous mes yeux. Le couloir. Le bureau. Les collègues. Les banalités. L'ordinateur. Le téléphone. Le vide.

Dans un souffle, je tourne les talons, bouscule une femme, m'excuse, repasse le portique, bondis à l'extérieur, respire. Je cours. Mes pas me guident vers la flaque d'eau, vers les marrons, vers mon enfance.

J'ai dix ans. Depuis quarante ans aujourd'hui.