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Sagot :
Bonjour
D’après Hegel, "L’homme a conscience d’être un animal et c’est ça qui lui permet de s’élever au-dessus de son animalité. Étudions donc cette question de la conscience et, par extension, celle des projets par rapport au temps, scandé par la mort.
L’âme est un principe de vie qui anime l'homme et les êtres organisés, animaux et plantes. Au sens antique du terme, c’est un souffle de vie, un principe immatériel et spirituel qui met la matière en mouvement. Le terme de conscience apparaît plus tard. Il définit la forme réflexive de la pensée, et il semble que ce soit entre âme et conscience que se situe la différence entre l’homme et l’animal. D’après Hegel, philosophe allemand du XIXe siècle dans L’Esthétique "L'homme se contemple, se représente à lui-même.. alors que les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon".
Prenons l’exemple de l’image spéculaire. Le bébé et l’animal vont avoir la même réaction, la même sensation : une forme de surprise et d’étonnement. Cependant, l’animal va en rester à ce stade, il observe, peut être intrigué ou effrayé. Pour l’homme, se regarder dans le miroir c’est comme se dédoubler, être arraché à ses sensations. Il y voit un personnage distinct de lui-même qui est lui, "c’est pour lui apprendre qu’il peut y avoir un spectacle de lui-même", Merleau-Ponty, Les Relations à Autrui chez l’enfant. D’après Lacan, l’enfant est alors capable de se voir comme autre, et de pouvoir s’interroger lui-même. C’est en cela que la conscience est une forme de dédoublement, de réflexivité et d’intériorité.
Nous avons donc raisonné autour de la question selon laquelle l’animal n’a pas de position réflexive face à ces dires ou ces gestes, pas d’accès au doute, ni au questionnement dialectique, susceptible de le faire évoluer vers une forme de raison.
D’après Pascal, "L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant".
En effet, l’homme se compare à l’infini et prend conscience qu’il est un tout à l’égard du néant et un rien à l’égard du tout. C’est alors qu’il réalise que son seul atout réside dans la part de lui-même qui pense.
De plus, le fait que l’homme ne cesse de se trouver des activités : le travail, le jeu, la guerre peuvent expliquer sa conscience de la mort et surtout de sa condition misérable, fragile et mortelle.
Sur ce plan, les animaux ont également une forme de sensation de la mort, mais sont-ils conscients de leur condition mortelle ?
Il semble que la différence entre instinct et pensée s’établit ici, en effet l’animal peut, certes, sentir confusément une mort proche, mais n’est pas capable de se rendre conscient de sa condition mortelle.
Chez l’homme, la réaction à la conscience de la condition mortelle se traduit par la volonté de l’homme de se transcender afin de tenter de devenir immortel, par ses œuvres.
En effet, l’animal sait utiliser des outils mais n’est pas capable de produire de l’art. L’animal sait donc être créatif, mais l’homme atteint des extrêmes que l’animal n’atteint pas : aussi bien sur le plan du génie – l’art, l’opéra, l’architecture, qui traversent les siècles-, que sur le plan de la folie – tortures, génocides…Dans ce tragique de la condition humaine, le XXe siècle, et Freud en particulier, ont développé la notion d’inconscient, qui tend à briser la prétendue supériorité intellectuelle de l’homme, puisque ceci suppose que ce dernier n’a pas conscience de son destin. L’homme est déterminé par son inconscient, par les ficelles invisibles déposées à son insu dans sa tête – héritage de l’histoire de ses parents, grands-parents, ancêtres, dont il n’a pas connaissance-, qui agissent sur lui comme un destin invisible.
Or, dans l’état actuel des choses, il semble que l’on ne puisse pas dire que l’animal ait un destin.
La question des différences essentielles entre l’homme et l’animal semble presque infiniment discutable, par les avis très divers des penseurs, par les différents critères choisis, mais surtout par la connaissance parcellaire que l’homme a de l’animal. Ils sont donc à la fois proches et éloignés.
Toutefois, il me semble que, contrairement à l’animal, l’homme est conscient de sa finitude, de sa condition fragile et mortelle. C’est, par cette conscience plus étendue de ses limites imposées par la conscience de la mort ainsi que par son inconscient qu’il ne peut régir, que l’homme peut arriver à affronter la mort et transcender le temps, en se plongeant dans des créations qui peuvent l’inscrire dans l’éternité.
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