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Bonjour hier vous m'avez envoyé comment faire cette exercice mais je ne toujours pas bien compris stp vous développez de plus.


1. Première partie, Chapitre 1, Incipit
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile: «Mère
décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.» Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier. L'asile de
vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai
dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai demandé deux jours de congé à mon
patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai même
dit : « Ce n'est pas de ma faute. » II n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En
somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans
doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte.
Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
J'ai pris l'autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d'habitude.
Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m'a dit: « On n'a qu'une mère ». Quand je suis parti, ils
m'ont accompagné à la porte. J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui
emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois. J'ai couru pour ne pas
manquer le départ. Cette hâte, cette course, c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur
d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le
trajet. Et quand je me suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a demandé si je venais
He loin. J'ai dit « oui » pour n'avoir plus à parler.

Que nous apprend cet incipit?
Sur le roman
Les personnages
enarration
narrateur​

Sagot :

Réponse :

Un incipit correspond au début d'un roman et permet au lecteur de trouver quelques repères qui doivent susciter son intérêt. On peut ce demander si l'incipit de l'Etranger, roman paru en  juillet 1942 dans la France occupée correspond aux normes d'un incipit traditionnel ou s'il s'en écarte. nous verrons d'abord les indices fournis dans cette première page et nous verrons ensuite ce qui fait l'originalité.

I. Les normes de l'incipit

On attend en général qu'un incipit réponde aux questions Où ? Qui ? Quoi ?

Les premiers indices sont spatiaux : Marengo, l'asile, quatre vingt kilomètres. Nous sommes en Algérie.

L'indice temporel nous plonge au coeur de l'énonciation : "Aujourdhui".  Les indices de temps vont se décliner à partir de ce point de départ : demain, dans l'après midi, demain soir.

C'est la réponse au quoi ? qui est troublante : "Aujourd'hui maman est morte."

Le roman propose un point de départ à partir d'un point d'arrivée. Le récit va commencer à partir de la mort de la mère.

II. L'écart avec la norme

Le narrateur s'implique immédiatement et il sera narrateur-personnage. On le devine" étrange" avant d'être "étranger". Le JE est récurrent et oriente vers une focalisation interne. Le personnage narrateur  hésite "c'était peut-être hier", il rapporte en discours direct l'échange pour la demande de congé. "J'ai pensé", le personnage se livre , se raconte et raconte qu'il prend l'autobus. les faits vont être donnés de façon chronologique : il  va voir ses connaissances, emprunte une cravate noire, et s'endort dans le trajet.

Ce roman est donc écrit à la première personne et s'apparente, tout au moins au début, à une sorte de journal. Ce qui peut frapper le lecteur, c'est qu'on ne voit pas un personnage éprouver des émotions ou même évoquer sa mère. On a d'ailleurs compris qu'il lui est arrivé de répondre "oui" pour n'avoir plus à parler.

On remarquera que Camus est fidèle à lui-même dans son style de romancier ":"dire le moins pour suggérer le plus".