Réponse :
Cette présentation vise à synthétiser les enseignements d’une thèse consacrée à la Résistance dans les milieux judiciaires pendant la Seconde Guerre mondiale [1]
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Thèse intitulée « Robes noires, années sombres. La résistance…. Loin de pouvoir ici reprendre l’ensemble des faits et des configurations d’actions spécifiques aux avocats et magistrats dans la Résistance, il s’agit de tracer les spécificités de ces professionnels de la Justice dans leurs rapports aux institutions et à l’histoire au cours des deux périodes troublées de l’Occupation puis de la Libération. Ce deuxième moment sera l’occasion d’aborder la question de l’épuration de ces professions et du rôle de ces professions dans l’épuration.
2La problématique de cette présentation est donc congruente à un double niveau avec les thématiques de cette publication. D’une part, en revenant sur une dimension trop souvent négligée du comportement des juristes pendant la période, à savoir l’engagement de certains d’entre eux dans la Résistance, il est possible de comprendre de façon plus contrastée la manière dont ces professions ont été reconfigurées par l’expérience de situations historiques limites, tant du point de vue de leurs pratiques que de leur identité professionnelle. D’autre part, la retraduction de la période à travers les processus d’épuration, qui peuvent être interprétés comme des périodes de réaffirmation de la norme professionnelle et de cristallisation d’une première relecture de l’Occupation, doit être étudiée pour comprendre en particulier la sociologie et l’histoire de ces corps dans l’après-guerre. La comparaison des deux grandes professions judiciaires est dans cette perspective un moyen de mettre en évidence comment les avocats et les magistrats ont géré de manière très différente ce rapport à un passé immédiat et brûlant.
La Résistance dans les milieux judiciaires
3L’histoire de la Résistance dans les milieux judiciaires n’a été traitée en tant que telle ni dans l’historiographie de ces professions (A. Bancaud, L. Karpik) ni dans celle de la Résistance pourtant riche en travaux spécialisés portant sur la Résistance chez les cheminots, les médecins, les paysans … Ce double évitement renvoie sans doute plus largement à la difficulté à traiter de corps qui participent de la revendication générale des juristes à être les seuls aptes à traiter de leur histoire (comme l’illustre à des degrés différents l’inscription de l’histoire ou de la sociologie du droit dans les facultés de droit et non de sciences humaines, ou la pratique de l’histoire de leur profession cultivée par des avocats ou des magistrats).
4Pourtant, si la Résistance dans les milieux judiciaires ne fut pas numériquement considérable, mais à la mesure de la place restreinte de ces professions dans l’espace social français, son étude s’avère éclairante notamment pour souligner, à travers cette épreuve, quelles marges de manœuvre proprement politiques les avocats et magistrats résistants surent utiliser sous l’Occupation. La question de recherche que pose la résistance judiciaire est ainsi la suivante : que se passe-t-il lorsque des professionnels de l’application de la loi choisissent d’entrer dans l’illégalité ou de dissimuler des actions illégales au regard du droit positif, parfois au nom même de leurs professions et du droit qui les fondent, qu’ils restent en poste ou non pendant l’ensemble de la période ?
Premières formes de résistance
5Barreaux et tribunaux furent touchés, à l’occasion de la guerre puis de l’armistice, par la désorganisation et la stupeur qui frappaient l’ensemble de la société française. Ces bouleversements se poursuivirent durant les premiers mois du régime de Vichy du fait de trois ensemble de facteurs :
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