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Bonjour, j'ai choisi un extrait du livre "Un beau ténébreux" de Julien Gracq, mais je ne sais pas comment justifier ce choix pour mon travail de fin d'études. Voici l'extrait;
« Peut-être que l’homme rêve toujours obscurément, un jour ou l’autre, de brûler les planches. Parfois, bêtement, pendant le déjeuner, je regarde Allan, et je tâte la lettre de Gregory au fond de ma poche, - et j’éprouve un plaisir d’aussi mauvaise qualité, mais d’autant de vigueur que le policier qui prend un escroc en filature. Je me suis laissé sans aucun doute piquer au jeu- et me voici observant, guettant, attendant un événement que je me surprends presque à souhaiter, quelles qu’en soient les conséquences.
Et qui peut dire que je suis le seul ici ? Qui peut dire jusqu’où sera poussé celui qui commence à se piquer au jeu ? Il reste encore à écrire un essai, très différent de celui de Nietzsche, sur l’origine de la tragédie. Où que l’on remonte, même dans les mieux agencées, les plus solides, les mieux assises sur les « passions », on peut parier sans crainte de perdre qu’il y a toujours dans la donnée un coup de tête injustifiable d’un des personnages, une inspiration soudaine, brutale comme une saute de vent, qu’aucun motif au fond ne justifie que soudain l’envie, l’impulsion irrésistible de jeter son poids dans la balance, d’épuiser à l’instant, quoi qu’il en coûte, sa vertu dramatique, et, sans autre raison valable, de remettre à pleines mains dans le jeu. Oui, je me suis souvent pris, au théâtre, à rêver à la tragédie sous cet angle : une espèce de délire sacré, de transe contagieuse, un feu Saint-Jean qui court d’un personnage à un autre. « Ah ! mais, nous allons voir. Moi aussi, moi aussi !... » Comme un athlète ne peut fouler la cendrée sans que tous les autres brûlent déjà d’être en piste.
Mais il y a façon et façon de jouer. Un droit spécial de naissance assigne à un homme comme Allan l’emploi de roi de théâtre : c’est un seigneur, un prince de la vie. Je ne me sens fait- tout au plus- que pour le rôle de confident. Pourquoi, à chaque occasion qui se présente de m’avancer au premier plan, faut-il que je me sente ainsi me rétracter ? Ce besoin de m’abriter derrière un autre, de suivre un sillage-je n’ai jamais pu m’en défaire. J’y gagne peut-être une clairvoyance plus grande- ou du moins je me l’imagine. Mais c’est peut-être faux. Ce n’est peut-être qu’une réaction bien inoffensive, bien innocente, contre ma propre déchéance ? Il y a un mécanisme de compensation qui fait que tout homme dans une position subalterne s’imagine que- par plus grand détachement d’esprit peut-être - il comprend mieux, il domine mieux la partie. Il n’y a pas de valet de chambre qui ne se sente autorisé, au moindre fléchissement de la discrétion professionnelle, à faire la leçon à son maître. Pas d’employé qui ne passe son temps à percer à jour le défaut des plans du ministre. Là pourtant serait peut-être le seul crime sans rachat : dans une vie gâchée, rognée, rongée par la paresse, la peur, le scrupule calculateur. L’anéantissement minutieux et quotidien des possibilités offertes. Et, pour en finir, cet étouffement, justifié par un moelleux système de scepticisme. Ce qui commence par : « Je me hâtais de déplaire exprès, par crainte de déplaire naturellement » (Mauriac) continue par « Je me hâtais d’échouer exprès, par crainte d’échouer naturellement », et pourrait se terminer un jour par : « Je me hâtais de mourir exprès, par crainte de mourir naturellement » ( une phrase d’excellent comique). Rien de plus propre peut-être à épuiser une vie qu’une telle combinaison de l’orgueil et de la lâcheté (« Cela finira mal »). »
Pouvez vous m'aidez à trouver une série d'arguments qui justifient ce choix? ( en quoi il représente l'oeuvre et le style de l'auteur). Merci d'avance!

Sagot :

Réponse :

Allan, le beau ténébreux

- la fascination qu'il exerce

- point de vue du narrateur

- fait pour jouer un roi au théâtre

Mise en abîme

- champ lexical du théâtre

- premier et second rôle dans la vie

- la vraie tragédie : s'assigner toujours le second rôle

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