Bonjour à tous, j'ai un devoir à faire en français :
Mr Max Eisenstein
Galerie Schulse-Eisenstein
San Francisco
Californie, USA
Cher vieux Max,
Tu as certainement entendu parler de ce qui se passe ici, et je suppose que cela
t’intéresse de savoir comment nous vivons les événements de l’intérieur. Franchement, Max, je
crois qu’à nombre d’égards Hitler est bon pour l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr.
Maintenant, c’est lui qui, de fait, est le chef du gouvernement. Je doute que Hindenburg lui- 1
même puisse le déloger du fait qu’on l’a obligé à le placer au pouvoir. L’homme électrise
littéralement les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d’un
fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d’esprit ? Ses escouades en chemises 2
brunes sont issues de la populace. Elles pillent, et elles ont commencé à persécuter les Juifs.
Mais il ne s’agit peut-être là que d’incidents mineurs : la petite écume trouble qui se forme en
surface quand bout le chaudron d’un grand mouvement. Car je te le dis, mon ami, c’est à
l’émergence d’une force vive que nous assistons dans ce pays. Une force vive. Les gens se
sentent stimulés, on s’en rend compte en marchant dans les rues, en entrant dans les
magasins. Ils se sont débarrassés de leur désespoir comme on enlève un vieux manteau. Ils
n’ont plus honte, ils croient de nouveau à l’avenir. Peut-être va-t-on trouver un moyen pour
mettre fin à la misère. Quelque chose - j’ignore quoi - va se produire. On a trouvé un Guide ! 3
Pourtant, prudent, je me dis tout bas : où cela va-t-il nous mener ? Vaincre le désespoir nous
engage souvent dans des directions insensées.
Naturellement, je n’exprime pas mes doutes en public. Puisque je suis désormais un
personnage officiel au service du nouveau régime, je clame au contraire ma jubilation sur tous
les toits. Ceux d’entre nous, les fonctionnaires de l’administration locale, qui tiennent à leur
peau sont prompts à rejoindre le national-socialisme - c’est le nom du parti de Herr Hitler. Mais
en même temps, cette attitude est bien plus qu’un simple expédient : c’est la conscience que 4
nous, peuple allemand, sommes en voie d’accomplir notre destinée ; que l’avenir s’élance vers
nous telle une vague prête à déferler. Nous aussi nous devons bouger, mais dans le sens de la
vague, et non à contre-courant. De graves injustices se commettent encore aujourd’hui. lestroupes d’assaut célèbrent leur victoire, et chaque visage ensanglanté qu’on croise vous fait
secrètement saigner le cœur. Mais tout cela est transitoire ; si la finalité est juste, ces incidents
passagers seront vite oubliés. L’Histoire s’écrira sur une page blanche et propre.
La seule question que je me pose désormais - vois-tu, tu es le seul à qui je puisse me
confier - est celle-ci : la finalité est elle juste ? Le but que nous poursuivons est-il meilleur
qu’avant ?
Martin.
La question c'est :
Comparez le portrait d’Hitler proposé par le texte et celui proposé par ce photogramme du
film de Charlie Chaplin.
Merci d'avance.