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Sagot :
C'est fini pour moi, je suis blessé mais je te plains toi, car tu vas devoir supporter beaucoup d'horreurs, que moi je ne suis plus capable de gérer. J'ai vécu une expérience éprouvante et compliquée, et je dirai même que certains jours étaient insupportables. J'ai eu je crois de la chance d'être dans les soignants car cela m'a permis d'éviter des horreurs que d'autres soldats ne détestaient apparemment pas, parce-que du fait que je sois soignant j'ai assisté à des scènes monstrueuses, de pauvres civils en captivité et violentés, par les hommes de mon bataillon, qui même n'hésitaient pas à tirer à tout va juste pour rire sur ces pauvres gens. Il n'y a apparemment plus de limites, les soldats deviennent fous, ils ne respectent plus du tout la vie humaine, et n'ont jamais aucun remord. Je voudrais mourir pour ne plus revoir en boucle tout ce à quoi j'ai assisté, j'ai trop de foi et trop d'humanisme pour subir tous ces supplices. J'espère vraiment que tu ne deviendras pas comme eux, des bêtes de guerre, je t'en supplie garde un peu d'humanité, pense à ces pauvres gens.
Courage !
Courage !
Je ne devrais pas te le dire mais je suis content de fuir. Oui, je fuis de que tu vas découvrir. Ce bourbier m'est devenu insupportable. Plus de règles, plus de limites. On est abandonné à soi, au front. Alors il faut survivre, continuer, aller au-devant de l'ennemi. Et plus personne ici ne sait plus le pourquoi des horreurs quotidiennes. Nous devenons des machines de mort et tuer est un réflexe de survie. J'ai vu la moitié de mon unité tomber. Et moi, je ne sais même plus si c'est une chance d'être encore en vie. Jamais je ne me pardonnerai ce que j'ai fait et pourtant il fallait le faire.
Oh, ne crois pas que c'est mieux en face. Les bougres attaquent et contre-attaquent, mais n'ont pas plus le cœur à l'ouvrage que nous. Parfois, on les entend souffrir, eux aussi. Et on se dit qu'ils vivent la même misère que nous. Nous sommes les jouets de volontés qui nous dépassent; nous sommes des pantins désarticulés dans l'enlisement. Et je te vois arriver. Moi, je pars mais j'ai pitié de toi, qui restes. Nos âmes ne sont pas faites pour endurer cela. Alors veille sur tes frères d'arme et prends soin de toi. Adieu.
Oh, ne crois pas que c'est mieux en face. Les bougres attaquent et contre-attaquent, mais n'ont pas plus le cœur à l'ouvrage que nous. Parfois, on les entend souffrir, eux aussi. Et on se dit qu'ils vivent la même misère que nous. Nous sommes les jouets de volontés qui nous dépassent; nous sommes des pantins désarticulés dans l'enlisement. Et je te vois arriver. Moi, je pars mais j'ai pitié de toi, qui restes. Nos âmes ne sont pas faites pour endurer cela. Alors veille sur tes frères d'arme et prends soin de toi. Adieu.
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