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Sagot :
Il n’est plus
besoin de démontrer le mépris qu’inspire le vil intérêt de l’avarice chez un
homme. Mais une femme tenaillée par l’appât du gain obéit à des rites non moins
ridicules. Si elle rend ses hommages dominicaux, elle n’hésitera pas à
distribuer un bouton lors de la quête et la tête haute, s’empresser d’y
prélever sa dîme. Se trouve-t-elle devant un mendiant aveugle qu’elle lui fait
conversation et se rémunère dans son obole, fière de sa bonne action et
convaincue de son bon droit. Elle fait même les courses de son amie malade pour
obtenir les siennes propres à bon compte. Tous les prix sont âprement discutés
au marché mais chèrement majorés auprès de l’alitée. Ainsi se fait-elle
apprécier sans que personne n’y trouve à redire. Elle aime se faire recevoir et
s’empiffre de tous les mets offerts mais, pour retourner l’invitation, l’effrontée
s’associera à une autre qu’elle louera pour ses dons pendant que bourse ne
délie. Pour varier ses toilettes, elle emprunte sans vergogne avant même d’avoir
rendu le prêt précédent ; tout lui fait envie mais aucune somme elle ne
veut débourser. Dérober est parfois la dernière solution qui s’offre à elle :
tout vaut mieux que toucher à sa caissette. L’heur de sa cour est de profiter de ses
conseils et critiques, dont elle n’est pas avare, il est vrai. C’est ainsi qu’elle
jouit de la maison de campagne des uns ou de la piscine des autres en ajoutant
servilement qu’elle reviendra. De son naturel enjoué personne ne soupçonne les
dessous.
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