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Synthèse sur les économies mondes de 1850 à nos jours

Sagot :

De 1850 à nos jours la croissance économique a profondément transformé les sociétés, créant des économies-monde exerçant une influence mondiale. Une économie-monde est un concept défini par Fernand Braudel et il désigne un espace qui est économiquement autonome grâce à ses échanges, c’est-à-dire qu'il peut se suffire à lui-même pour l'essentiel. Plusieurs se sont succédées depuis 1850 : tout d’abord le Royaume-Uni au XIX siècle, les Etats-Unis ensuite, et enfin la Triade mondiale et les Etats émergents comme la Chine aujourd’hui. Quelle a été leur évolution respective pendant ces 150 dernières années ? Ces trois pôles dominants et leurs évolutions feront chacun l’objet d’un paragraphe.

        À partir de la fin du XVIII° siècle, le Royaume Uni commence sa révolution industrielle, il est le premier pays à connaître ce phénomène et il devient le centre de l’économie mondiale au XIX° grâce à cette avance notamment. En effet, sa supériorité technologique, qui est le résultat d’une puissance industrielle dans le charbon, le chemin de fer et l’industrie textile lui assure la première place jusqu’à la fin du XIX° siècle. Cependant, plusieurs autres facteurs sont responsables de cette puissance. Le Royaume Uni possède d’une part un très vaste empire colonial sur tous les continents qui couvre près du quart de la planète. De plus, il dispose d’une importante puissance navale pour relier ses territoires et d’un contrôle des mers et des océans (60% du trafic mondial) possible grâce à son port de Liverpool ouvert sur le reste du monde. Tous ces points permettent au Royaume-Uni de disposer d’un important commerce extérieur mondial facilité par sa politique de libre-échange c’est-à-dire la libre circulation des biens et des services entre les pays après l’abolition de toutes les restrictions imposées par l’Etats. C’est ainsi qu’en 1860 le Royaume Uni concentre 25% des exportations mondiales. Enfin, Londres est une capitale financière internationale grâce à la City

AccrocheSelon l'historien Fernand Braudel (1902-1985), l'histoire de l'Europe est rythmée par une succession d'économies-monde du XIeau XIXe siècle. Il désigne ainsi un espace, caractérisé par l'intensité des relations commerciales et économiques entre ses différentes composantes, qui cherche à étendre son influence à l'échelle mondiale ; il est organisé autour d'un centre rayonnant sur des périphéries plus ou moins intégrées.Définition du sujet et problématiqueDurant la période comprise entre le milieu du XIXe siècle et 1914, la Grande-Bretagne s'affirme comme la première puissance économique européenne et mondiale. Dans quelle mesure le monde britannique, organisé autour de ce territoire, est-il une économie-monde ?Annonce du planNous répondrons à cette problématique en présentant d'abord le fonctionnement de cet espace, puis ses fondements, avant d'en décrire les limites.Le monde britannique, un fonctionnement d'économie-mondeUn centre, des périphériesLa Grande-Bretagne est la première puissance économique mondiale durant la seconde moitié du XIXe siècle. Londres est une métropole écono­mique mondiale (siège de la bourse des valeurs, de bourses de commerce, des grandes entreprises) qui fait figure d'hyper-centre.L'Irlande, unie à la Grande-Bretagne au sein du Royaume-Uni, est une périphérie proche et intégrée.En périphérie lointaine mais intégrée, l'Empire colonial, composé en 1914 de colonies et de dominions (territoires autonomes sous tutelle britannique), est situé sur tous les continents.L'« Empire informel », qui désigne tous les territoires sous influence britannique (en particulier les États-Unis, l'Amérique latine et la Chine), représente les périphéries lointaines en cours d'intégration.D'intenses flux entre le centre et les périphériesDes flux commerciaux : la Grande-Bretagne exporte des produits industriels et importe des produits bruts (produits agricoles, matières premières, métaux). Ils sont à l'origine de véritables dépendances : à la fin du XIXe siècle, la Grande-Bretagne assure 80 % des échanges extérieurs de la Nouvelle-Zélande.Des flux financiers : la Grande-Bretagne investit dans l'ensemble du monde britannique. Au début du xxe siècle, elle est ainsi lepremier investisseur étranger en Chine (1/3 des investissements).Des flux migratoires : des millions d'Anglais et d'Irlandais émigrent vers les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine et l'Afrique du Sud.L'extension de l'influence du monde britanniqueElle s'explique essentiellement par l'agrandissement de l'empire colonial en Afrique à partir des années 1870-1880 : Afrique du Sud, Afrique occidentale, Afrique orientale.En 1914, l'Empire colonial britannique est le plus grand et le plus peuplé : il s'étend sur 29 millions de km2 et compte 450 millions d'habitants.Les fondements de l'économie-monde britanniqueLa puissance économique et financière de la Grande-BretagneDurant la seconde moitié du XIXe siècle, la Grande-Bretagne est la première puissance économique mondiale : première puissance industrielle (33 % de la production manufacturière mondiale en 1870) et commerciale (60 % du commerce des produits manufacturés).Sa politique commerciale fondée sur le libre-échange lui ouvre de nouveaux marchés et stimule les innovations.C'est également la première puissance financière : la City concentre les banques et compagnies d'assurances mondiales ; la livre sterling est la principale monnaie des échanges internationaux.Les choix politiquesLes gouvernements soutiennent l'impérialisme britannique qui s'exerce à l'échelle mondiale. Ainsi, à partir de 1887, des conférences coloniales (appelées impériales à partir de 1907) réunissent périodiquement les ministres des colonies autonomes et ceux de la métropole.Ces ambitions s'appuient sur la supériorité navale de la Grande-Bretagne par rapport à ses concurrents européens.D'autres facteursLa forte croissance démographique du Royaume-Uni, conjuguée à la pauvreté d'une partie importante de la population, pousse au départ de nombreux adultes en quête d'une vie meilleure.Le contrôle britannique sur la plupart des grands câbles télégraphiques trans­océaniques qui se multiplient entre 1865 et 1914 conforte le rayonnement mondial de la Grande-Bretagne.