zeor961
Answered

Découvrez une mine d'informations et obtenez des réponses sur Zoofast.fr. Posez n'importe quelle question et recevez des réponses rapides et bien informées de la part de notre communauté d'experts expérimentés.

Don Rodrigue
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !
J’en cache les deux tiers, aussitôt qu’arrivés,
Dans le fond des vaisseaux qui lors furent trouvés ;
Le reste, dont le nombre augmentait à toute heure,
Brûlant d’impatience autour de moi demeure,
Se couche contre terre, et sans faire aucun bruit,
Passe une bonne part d’une si belle nuit.
Par mon commandement la garde en fait de même,
Et se tenant cachée, aide à mon stratagème ;
Et je feins hardiment d’avoir reçu de vous
L’ordre qu’on me voit suivre et que je donne à tous.
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;
L’onde s’enfle dessous, et d’un commun effort
Les Mores et la mer montent jusques au port.
On les laisse passer ; tout leur paraît tranquille ;
Point de soldats au port, point aux murs de la ville.
Notre profond silence abusant leurs esprits,
Ils n’osent plus douter de nous avoir surpris ;
Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,
Et courent se livrer aux mains qui les attendent.
Nous nous levons alors, et tous en même temps
Poussons jusques au ciel mille cris éclatants.
Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent ;
Ils paraissent armés, les Mores se confondent,
L’épouvante les prend à demi descendus ;
Avant que de combattre, ils s’estiment perdus.
Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre ;
Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre,
Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,
Avant qu’aucun résiste, ou reprenne son rang.
Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient ;
Leur courage renaît, et leurs terreurs s’oublient :
La honte de mourir sans avoir combattu
Arrête leur désordre, et leur rend leur vertu.
Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges,
De notre sang au leur font d’horribles mélanges ;
Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port,
Sont des champs de carnage où triomphe la mort.
Ô combien d’actions, combien d’exploits célèbres
Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres,
Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnait,
Ne pouvait discerner où le sort inclinait !
J’allais de tous côtés encourager les nôtres,
Faire avancer les uns, et soutenir les autres,
Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour,
Et ne l’ai pu savoir jusques au point du jour.
Mais enfin sa clarté montre notre avantage :
Le More voit sa perte, et perd soudain courage ;
Et voyant un renfort qui nous vient secourir,
L’ardeur de vaincre cède à la peur de mourir.
Ils gagnent leurs vaisseaux, ils en coupent les câbles,
Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables,
Font retraite en tumulte, et sans considérer
Si leurs rois avec eux peuvent se retirer.
Pour souffrir ce devoir leur frayeur est trop forte :
Le flux les apporta ; le reflux les remporte,
Cependant que leurs rois, engagés parmi nous,
Et quelque peu des leurs, tous percés de nos coups,
Disputent vaillamment et vendent bien leur vie.
À se rendre moi-même en vain je les convie :
Le cimeterre au poing ils ne m’écoutent pas ;
Mais voyant à leurs pieds tomber tous leurs soldats,
Et que seuls désormais en vain ils se défendent,
Ils demandent le chef : je me nomme, ils se rendent.
Je vous les envoyai tous deux en même temps ;
Et le combat cessa faute de combattants.
C’est de cette façon que, pour votre service…



Pouvez vous m'aider à retrouver dans la tirade de Rodrigue, dans l'Acte IV, scène 3 les figures suivantes : l'hyperbole, l'oxymore, la métaphore, l'accumulation, la personnification, la métonymie et le polyptote.
Merci beaucoup

Sagot :

Bien sûr, je peux vous aider à identifier les différentes figures de style dans la tirade de Rodrigue dans l'Acte IV, scène 3 du **Cid** de Corneille.

### 1. Hyperbole
L'hyperbole est une exagération destinée à produire un effet frappant.
- **Exemple** : "Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort / Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port".
- Ici, Rodrigue exagère le nombre de ses troupes pour souligner la rapidité et l'efficacité du renfort reçu.

### 2. Oxymore
L'oxymore est l'association de deux termes contradictoires.
- **Exemple** : "Cette obscure clarté qui tombe des étoiles".
- L'association des termes "obscure" et "clarté" crée un effet de contraste saisissant.

### 3. Métaphore
La métaphore est une comparaison implicite sans outil de comparaison (comme "comme", "tel", etc.).
- **Exemple** : "Cette obscure clarté qui tombe des étoiles".
- Ici, la "clarté" des étoiles est comparée à une lumière obscure, sans utiliser un mot de comparaison explicite.

### 4. Accumulation
L'accumulation est une figure de style qui consiste à énumérer plusieurs éléments pour créer un effet de profusion.
- **Exemple** : "Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port, / Sont des champs de carnage où triomphe la mort".
- La répétition de "et" avant chaque élément crée une énumération qui souligne l'ampleur du carnage.

### 5. Personnification
La personnification est l'attribution de caractéristiques humaines à des objets inanimés ou à des idées abstraites.
- **Exemple** : "Les Mores et la mer montent jusques au port".
- La mer est personnifiée en étant décrite comme si elle pouvait monter et agir de concert avec les Mores.

### 6. Métonymie
La métonymie est la substitution d'un terme par un autre qui lui est lié par un rapport logique (par exemple, le contenant pour le contenu, la cause pour l'effet).
- **Exemple** : "Cette obscure clarté qui tombe des étoiles".
- Ici, "étoiles" est utilisé pour désigner la lumière des étoiles (le contenant pour le contenu).

### 7. Polyptote
Le polyptote est la répétition de plusieurs formes grammaticales d’un même mot.
- **Exemple** : "Et voyant un renfort qui nous vient secourir, / L’ardeur de vaincre cède à la peur de mourir".
- Les formes "vaincre" et "mourir" sont des infinitifs qui dérivent de la même racine verbale et sont utilisés pour renforcer le contraste entre la victoire et la défaite.

En révisant la tirade, vous pourrez mieux apprécier comment Corneille utilise ces figures de style pour enrichir le texte et intensifier l'effet dramatique de la scène.
Merci de nous rejoindre dans cette conversation. N'hésitez pas à revenir à tout moment pour trouver des réponses à vos questions. Continuons à partager nos connaissances et nos expériences. Pour des réponses de qualité, choisissez Zoofast.fr. Merci et à bientôt sur notre site.