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Marie Curie raconte comment son mari, Pierre Curie, et elle ont travaillé à la découverte du radium,
conscients de la dangerosité des produits utilisés.
métal radioactif, dans une simple baraque en planches, au début du XXe siècle. Ils n'étaient pas alors
Il ne s'y trouvait pas de hottes pour les traitements qui degagent des gaz nuisibles: il fallait
faire à l'intérieur, laissant les fenêtres ouvertes.
donc exécuter ces opérations dans la cour quand le temps le permettait, sinon il fallait les
Dans ce laboratoire de fortune, nous avons travaillé presque sans aide pendant deux ans,
nous occupant en commun aussi bien du travail chimique que de l'étude du rayonnement
des produits de plus en plus actifs que nous obtenions. Ensuite il a fallu séparer nos efforts
Pierre Curie continua les recherches sur les propriétés du radium, tandis que je poursuivais
les traitements chimiques en vue de la préparation de sels de radium purs. J'ai été amenée
à traiter jusqu'à vingt kilogrammes de matière à la fois, ce qui avait pour effet de remplir le
hangar de grands vases pleins de précipités et de liquides; c'était un travail extenuant que
de transporter les récipients, de transvaser les liquides et de remuer pendant des heures, au
moyen d'une tige de fer, la matière en ébullition dans une bassine en fonte. [...]
Nous avons eu une joie particulière à observer que nos produits concentrés en radium
étaient tous spontanément lumineux. Pierre Curie, qui avait souhaité leur voir de belles
supérieure à celle qu'il avait ambitionnée. [...]
colorations, dut reconnaître que cette particularité inespérée lui donnait une satisfaction
Nous étions, à cette époque, entièrement absorbés par le nouveau domaine qui s'ouvrait
devant nous, grâce à une découverte aussi inespérée. Malgré les difficultés de nos conditions
de travath, nous nous sentions très heureux. Nos journées s'écoulaient au laboratoire, et il
nous arrivait d'y déjeuner fort simplement, en étudiants. Dans notre hangar si pauvre régnait
une grande tranquillité: parfois en surveillant quelque opération, nous nous y promenions
de long en large, causant de travail présent et futur; quand nous avions froid, une tasse de
thé prise auprès du poêle nous réconfortait. Nous vivions dans une préoccupation unique,
comme dans un rêve.
Il nous arrivait de revenir le soir après diner pour jeter un coup d'oeil sur notre domaine.
Nos précieux produits pour lesquels nous n'avions pas d'abri étaient disposés sur les tables
et sur les planches; de tous côtés, on apercevait leurs silhouettes faiblement lumineuses,
et ces lueurs, qui semblaient suspendues dans l'obscurité, nous étaient une cause toujours
nouvelle d'émotion et de ravissement
Marie Curie, Pierre Curie, o Odile Jacob, 1996.
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Sagot :

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