Document 9: La socialisation conjugale.
La vie en couple - et notamment la « conversation continue » à laquelle elle donne lieu [...] se traduit
pour les deux conjoints, [...] par l'intériorisation [...] d'un univers partagé de référence et d'action. Une
illustration en est donnée avec le nettoyage amical qui peut affecter le réseau de sociabilité de l'un des
conjoints, certains amis étant perdus de vus suite au mariage, ce qui ne tient ni à une décision délibérée
de l'un des conjoints, ni à un travail de sape de l'autre, mais bien à un processus de socialisation conjugale
qui redéfinit de manière invisible le tapport au monde, les « bons » et les « mauvais » amis. La force du cial
processus à l'œuvre le rapproche donc de la socialisation primaire, mais sa structure est cependant
différente. Tout d'abord, l'individu y est davantage actif et collabore à la définition des contenus de la
socialisation. Pourtant, il est très peu conscient de l'existence même de cette socialisation conjugale -
alors qu'un enfant se sent et se sait formé par ses parents. Les conjoints ont certes l'impression que la vie
commune leur a permis de « découvrir » « qui ils étaient vraiment » et de se rendre compte de « ce qu'ils
aimaient vraiment », mais ce qu'ils perçoivent sous l'angle de la découverte de soi (de nouveaux goûts,
de nouvelles pratiques, de nouveaux amis) est en fait une « invention », celle de leur co-construction par
la vie commune: ils ne se sont pas chacun découverts, mais bien transformés l'un l'autre.
M. Darmon, La socialisation, Armand Colin, 2010.
Q1: Pourquoi peut-on parler de socialisation conjugale ?
Q2: Pourquoi est-il noté dans le document que l'individu est « davantage actif » dans la socialisation
conjugale que dans la socialisation primaire ?
Q3: Expliquez le passage souligné (ils ne se sont pas chacun découverts, mais bien transformés l’un l’autre)