On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de cœur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l'air s'y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés. Tu étais celle-là, Ghislaine, tu l'es encore aujourd'hui, celle par qui le manque, la faille, la déchirure entrent en moi pour ma plus tel trésor est inépuisable. Il devrait me suffire pour aller de « maintenant » en « maintenant >> jusqu'à l'heure de ma mort.
CHRISTIAN BOBIN, La plus que vive, Éditions Gallimard, 1996.
1) À quel thème de l'amour vu en classe ce poème en prose fait-il penser ?
a) Selon Christian Bobin, quel don sa compagne lui a-t-elle fait ? b) Que veut-il dire ?
3) Quelle figure de style utilise-t-il pour exprimer le changement qui s'est opéré en lui ? Que pensez-vous de cette image ?