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Contraction de texte
« A quoi ressemblera la ville de demain ? Comment la penser, la construire et la gérer ? », s'interroge let
ministère français du Développement durable sur son site Internet. L'épuisement des énergies fossiles, le
réchauffement climatique et la pollution apparaissent aujourd'hui comme des menaces aussi importantes
pour la ville que les conflits sociaux et l'insécurité.
Mais des solutions qui semblent faire consensus (développement des deux-roues, de la marche, des
transports en commun, du covoiturage, etc.) sont aussi celles qui creusent les inégalités entre les femmes
et les hommes. Par ailleurs, les décideurs (élus, responsables des finances, de l'urbanisme, des transports,
des grands travaux) sont en grande majorité des hommes, comme le montrent nos travaux sur la
Communauté urbaine de Bordeaux.
Des inégalités qui fleurent bon le machisme et l'archaisme
En premier lieu, l'analyse d'une enquête montre que les femmes, de tous âges, seraient défavorisées
par les « bonnes pratiques » de mobilité dans la ville durable, et notamment l'abandon de la voiture. Les
raisons en sont aussi bien la nature des tâches qui leur sont encore majoritairement dévolues
(accompagnement des enfants, des personnes âgées, courses) que leur sentiment d'insécurité dans
l'espace public (crainte de l'agression dans certains quartiers ou bien la nuit).
Les études Adess/CNRS réalisées entre 2010 et 2014 sur la métropole bordelaise montrent ainsi que les
femmes sont toujours moins nombreuses à vélo (en particulier la nuit ou lorsqu'il pleut) et qu'elles
l'abandonnent à la naissance d'un deuxième enfant.
Les piétonnes regrettent qu'on éteigne de bonne heure les éclairages de rue pour faire des économies
tandis qu'on éclaire et arrose abondamment des stades, considérés comme nécessaires à l'attractivité des
métropoles et fréquentés uniquement par des hommes.
Le harcèlement dans la rue et les transports en commun apparaît, à Bordeaux comme ailleurs, si peu
anecdotique et tellement systématique (100 % de femmes en ont été victimes, selon le rapport 2015 du
Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes) qu'on s'étonne du tabou qui entoure ce sujet,
pourtant central dans la mise en place des mobilités alternatives¹. Dans ces conditions, la voiture, plus
qu'un outil de mobilité, représente un moyen de protection pour affronter la nuit.
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Les problématiques exprimées par les femmes sont ignorées
L'une de nos enquêtes sociologiques porte en particulier sur une opération de concertation autour des
nouvelles mobilités urbaines organisée en 2012. Pendant six mois, cette démarche participative exemplaire
a réuni des centaines de citoyens, experts, élus et responsables associatifs. Mais elle n'a mobilisé que 23%
de femmes, représentées par seulement 10% du temps de parole et par 0% d'experts.
La faiblesse du temps de parole des femmes n'était pas due à des mécanismes d'autocensure : les
femmes n'étaient tout simplement pas « prioritaires » aux yeux des présidents de séances; des mesures
quantitatives (temps de parole) et qualitatives (pertinence de l'intervention) le prouvent.
Yves RAIBAUD, lejournal.cnrs.fr
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