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Bonjour pourriez-vous m’aider à faire la contraction de texte s’il vous plait merci d’avance
Voici le texte:

D'un scandale à l'autre, le monde du livre, comme celui du cinéma, se voit contraint de
faire face à l'examen sans complaisance1 des aspects plus sombres de sa culture : son
indulgence pour les turpitudes les plus flagrantes, mais aussi le sexisme et les autres
formes de discrimination qui la traversent.
Cet examen est d'autant plus salutaire que les livres, comme les films, influencent
profondément nos manières de penser et de voir le monde.
En 2018, un grand prix littéraire était remis à une autrice guadeloupéenne noire, Maryse
Condé. À cette occasion, cette écrivaine déjà souvent pressentie pour le Nobel au cours
d'une carrière littéraire et universitaire remarquable choisissait de partager une anecdote
associée à sa consécration.
Vers douze ans, Condé découvre Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë. Enthousiaste,
elle confie alors à l'amie de la famille qui lui a offert ce roman qu'elle aussi souhaite
devenir écrivain. Sa réponse : « les gens comme nous n'écrivent pas ». Veut‑elle dire les
Noirs, les femmes, les habitants des petites îles ? Condé se le demande encore. Le
pessimisme de cette déclaration reflète bien sûr le contexte de son énonciation : la
Guadeloupe des années 1940.
Aujourd'hui, comme l'écrit Delphine Naudier, « l'idée de vocation qui associe la pratique
littéraire à un don laisse à penser que chacun, quelle que soit son identité, peut devenir
écrivain ». La Guadeloupe et la Martinique comptent d'ailleurs un nombre impressionnant
d'auteurs, hommes et femmes, de différentes couleurs de peau, des plus reconnus aux
plus confidentiels. Cependant, poursuit Naudier, « le champ littéraire est, en réalité, un
espace hiérarchisé où l'origine sociale, le sexe, la couleur de peau, la nationalité
constituent des marqueurs » qui sont autant de critères de différenciation et opérateurs de
hiérarchie. « Les gens comme nous » écrivent, mais ils arrivent plus dif ficilement à la
reconnaissance littéraire

Naudier s'intéresse surtout à la place des femmes dans le champ littéraire, et à un
phénomène de minorisation et de dévalorisation symbolique résultant de la persistance
d'un rapport historique de domination. Le fait d'être écrivain « tout court » (sans étiquette)
reste pour elle, en France, l'apanage d'écrivains français blancs et de sexe masculin.
« Dans ce qui reste un bastion masculin », la qualité littéraire est jugée, « l'universel » est
pensé à partir de représentations masculines. [...]
Noire
Dans une économie du livre dirigée par des élites culturelles pendant très longtemps
presque exclusivement blanches, les écrivains noirs ont eu besoin de voix considérées
comme plus légitimes que les leurs pour encadrer, relayer, préfacer ou célébrer leurs
textes et récits : comme l'a montré l'universitaire Henri Louis Gates pour le contexte
nord‑américain, la publication de récits d'esclaves, par la voix des abolitionnistes puis
facilitée par eux, a établi les fondements de la littérature noire américaine. [...]
En 1941, André Breton « découvre » Aimé Césaire et l'intronise sur la scène littéraire
parisienne (découvrir signifie ici dévoiler aux yeux des Européens et donc, au sens figuré,
faire exister). Quelques années plus tard, Sartre, qui va également préfacer Les Damnés
de la Terre et Portrait du colonisé, explique au public français la valeur du courant de la
Négritude en préfaçant avec Orphée Noir, l'anthologie de poésie noire éditée par Senghor
en 1948.
Article d'Anna Lesne, The Conservation, 13 janvier 2021