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Lisez attentivement le texte ci-dessous et répondez aux questions par des phrases complètes.
Je n'ai pas de souvenir d'enfance. Jusqu'à ma douzième année à peu près, mon histoire tient en quelques
lignes : j'ai perdu mon père à quatre ans, ma mère à six ; j'ai passé la guerre dans diverses pensions de Villard-
de-Lans. En 1945, la sœur de mon père et son mari m'adoptèrent.
Cette absence d'histoire m'a longtemps rassuré : sa sécheresse objective, son évidence apparente, son
5 innocence, me protégeaient, mais de quoi me protégeaient-elles, sinon précisément de mon histoire, de
mon histoire vécue, de mon histoire réelle, de mon histoire à moi qui, on peut le supposer, n'était ni sèche,
ni objective, ni apparemment évidente, ni évidemment innocente?
3)
« Je n'ai pas de souvenirs d'enfance » : je posais cette affirmation avec assurance, avec presque une sorte
de défi. L'on n'avait pas à m'interroger sur cette question. Elle n'était pas inscrite à mon programme. J'en
10 étais dispensé : une autre histoire, la Grande, l'Histoire avec sa grande hache, avait déjà répondu à ma place :
la guerre, les camps.
À treize ans, j'inventai, racontai et dessinai une histoire. Plus tard, je l'oubliai. Il y a sept ans, un soir, à
Venise, je me souvins tout à coup que cette histoire s'appelait «W» et qu'elle était, d'une certaine façon,
sinon l'histoire, du moins une histoire de mon enfance.
riade
is
eur
plio
sis
Georges PEREC, W ou le souvenir d'enfance, 1975


3) «je j’ai pas de souvenirs d’enfance» (l.1): compte tenu du titre de l’oeuvre, en quoi cette phrase est-elle surprenante?