Analyse du texte : Le mot « Croisades » renvoie à des opérations militaires menées au nom de la foi. La Reconquista, reconquête progressive de l’Espagne des mains des musulmans, est une forme de Croisade. Chaque fois que l’Église va en guerre contre des groupes qu’elle considère comme hérétiques ou des juifs, on parle de Croisade. Le mot a donc un sens extensif. Notre propos va porter sur un aspect très particulier, les Croisades en Orient. Ce sont les huit campagnes militaires principales parties d’Occident vers l’Orient afin de reconquérir la Terre Sainte et qui ont duré près de deux siècles avec l’établissement d’entités politiques appelées les Etats latins, ce qui s’apparente à une entreprise de colonisation, car l’Europe sort de ses frontières et part à la conquête de toute une région. L’idée de Croisade n’était pas inconnue ; elle est fondée sur la pratique du pèlerinage. Depuis qu’Hélène la mère de Constantin avait retrouvé des reliques de la croix du Christ, les pèlerinages en Terre sainte se sont développés, sans pour autant faire l’unanimité. Parmi les Pères de l’Eglise, Saint Jérôme et Saint Augustin les ont condamnés et ont tenté de dissuader les fidèles d’entreprendre de tels voyages dans des contrées lointaines, le plus souvent au péril de leur vie, en laissant derrière eux des familles réduites à la misère. En revanche, Saint Augustin contribue par sa pensée à paver la voie à la guerre faite au nom de la religion en définissant le postulat de la « guerre juste » menée pour les besoins de la conversion des infidèles. Avec lui, l’Église admet que des chrétiens fassent la guerre pourvu qu’il y ait des aspirations religieuses qui transcendent le combat. Dans la société féodale où l’Eglise omniprésente a le devoir d’assurer le salut des hommes, les chevaliers prêtent serment sur l’Évangile. L’Eglise définit le cadre de l’activité militaire, en instaurant des jours où il est licite de se battre, et les autres appelés « Trêve de Dieu ». Ce faisant, elle contribue à circonscrire l’énergie des chevaliers e