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Bonjour, je suis à cour d’idée pour ma rédaction en français de 3 pages . Le début commence par Henri Gougaud, Départements et territoires d’outre-mort, Nouvelles, Éditions du Seuil, Paris, 1991.
– Venez, venez donc ! Au septième, la porte en face.
Je n’hésitai pas un instant à accepter l’invitation. Quoique je ne me souvienne pas avoir quitté mon appartement et gravi l’escalier de son immeuble, je le fis sans prendre le temps de m’habiller décemment et me retrouvai, vêtu de ma seule robe de chambre, devant sa porte entrouverte, où sa voix un peu chevrotante m’accueillit :
– Entrez, entrez, mon bon monsieur. Vous êtes le bienvenu !
J’obéis. Un parfum de grenier bizarrement attendrissant m’envahit, comme si je pénétrais dans la mémoire paisible d’une très vieille maison, hors des tempêtes du monde. L’homme, appuyé à son bureau, me regarda venir à lui et me tendit une main chaleureuse. Il était petit, voûté, infiniment plus vieux que je ne l’imaginais, mais tout à fait vigoureux et souriant. Un peu honteux de mon accoutrement sommaire, je bredouillai quelques excuses auxquelles il n’accorda pas la moindre attention. Il me fit asseoir dans un vaste fauteuil et me dit, l’air prodigieusement intéressé :
– Votre balcon est un point d’observation remarquable, mon bon monsieur. Peut- être ma question vous paraîtra-t-elle saugrenue, mais dites-moi, avez- vous déjà vu la fenêtre de cette pièce ouverte en plein jour ?
Je ne pus que lui faire part de ma curieuse hallucination [: je voyais, de mon balcon, s’ouvrir sur le mur de l’immeuble d’en face, le matin, une fenêtre d’une chambre de bonne pauvre et mansardée, et le soir, une fenêtre d’une bibliothèque fort riche et bien fournie, exactement au même endroit]. L’homme m’écouta avec une extrême émotion et poursuivit à voix fiévreuse :
– Vous n’avez été victime d’aucune illusion. Savez-vous ce qui m’arrive chaque fois que l’aube paraît ? Je m’endors. Et je m’éveille au crépuscule, devant mes livres. Étrange, n’est-ce pas ? Bientôt vous connaîtrez cela, Dieu

merci, vous connaîtrez cela. Il y a un an, un siècle, je ne sais, j’habitais votre appartement. Un jour je fis la même observation que vous : [à la fenêtre en face de mon balcon, qui est maintenant votre balcon, apparaissaient] la chambre de bonne le matin, la bibliothèque le soir. Inutile de vous expliquer ce que j’ai ressenti, et ce que j’ai fait, puisque vous avez suivi le même chemin que moi. Mon prédécesseur en ces lieux était un vieil acariâtre qui m’abandonna sans un mot de réconfort. Je ne serai pas aussi cruel, mon bon monsieur. Au fait, est-ce toujours la même soubrette assez jolie qui ouvre cette fenêtre tous les matins ?
Je pris le vieillard pour un mystificateur. Il s’en aperçut. Alors, posément, il me dit ceci :
– A l’aube, je serai parti, je ne sais pour quelle destination. Vous me remplacerez. Telle est la loi qui sévit ici. Ne perdez pas de temps à tenter de vous évader. Chaque fois que vous essaierez d’ouvrir la porte, vous vous endormirez infailliblement. Toutes les nuits vous devez recopier les livres qui encombrent ces murs sur des feuilles de papier constamment renouvelées, par je ne sais qui. Vous les trouverez tous les soirs sur votre bureau, à la place de votre travail de la veille, qui aura disparu. Je sais, c’est absurde. D’autant que ces ouvrages sont dénués d’intérêt. Ce sont des dictionnaires.
Le vieillard dans son fauteuil se laissa submerger par une profonde rêverie.
– J’ai beaucoup réfléchi, dit-il, au sort qui nous est fait. À mon avis, cette pièce est un lieu de communication entre deux mondes. Une sorte de guichet, si vous voulez. Oui, je crois que pour les vivants d’un autre espace nous jouons le modeste rôle de fonctionnaires informateurs. Il doit y en avoir d’autres, des milliers d’autres, un peu partout.
Je me levai, décidé à prendre la fuite. Je ne me souviens pas avoir atteint la porte. Je me réveillai assis devant le vieux bureau [du vieillard]. J’entendis une voix étrangère, dans mon dos, qui disait :
Ci quelqu’un peut m’aider merci . Je suis en 4ème.

Sagot :

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