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des sciences naturelles, l'homme joue le rôle de l'observateur et il a le monde pour objet. Le champ au
sein duquel se vérifie ce dualisme n'est certes pas illimité comme l'ont découvert la physique et la
biologie contemporaine, mais il est assez étendu pour que le corps des sciences exactes et naturelles ait
pu librement s'y déployer. Si les sciences sociales et humaines sont véritablement des sciences, elles
doivent préserver ce dualisme, qu'elles déplacent seulement pour l'installer au cœur de l'homme : la
coupure passant alors entre l'homme qui observe et celui ou ceux qui sont observés. Mais, ce faisant,
elles ne vont pas au-delà d'un respect de principe. Car, s'il leur fallait se modeler intégralement sur les
sciences exactes et naturelles, elles ne devraient pas seulement expérimenter sur ces hommes qu'elles
se contentent d'observer (chose théoriquement concevable, sinon facile à mettre en pratique et
admissible moralement); il serait aussi indispensable que ces hommes ne fussent pas conscients qu'on
expérimentât sur eux, faute de quoi la conscience qu'ils en prendraient modifierait de manière
imprévisible la démarche de l'expérimentation. La conscience apparaît ainsi comme l'ennemi secrète
des sciences humaines, sous le double aspect d'une conscience spontanée, immanente à l'objet
d'observation, et d'une conscience réfléchie - conscience de la conscience - chez le savant. >>
Claude LEVI-STRAUSS, L'anthropologie structurale
Questions:
1) Qu'est-ce qui caractérise la démarche scientifique selon Lévi-Strauss et pourquoi ?
2) Quel est l'obstacle majeur qui fait que les sciences humaines peuvent difficilement obéir à la
règle fondamentale de cette démarche ?
3) Relevez les caractéristiques de cet obstacle.
4) Est-ce une raison pour refuser le statut de science aux sciences humaines ?
5) Rédigez une introduction à l'explication de texte comprenant : 1- une courte présentation du
texte, 2- la thèse défendue par l'auteur, 3-l'enjeu du texte, 4- le plan précis du texte.