Les séparés (N'écris pas...)
N'écris l'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau. 5
N'écris pas !
N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
N'écris pas !
N'écris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant. N'écris pas !
N'écris pas ces doux mots que je n'ose plus lire:
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourir;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur
N'écris pas !
1 Comment ce poème est-il construit ? Faites des remarques sur le type de vers, de strophes, la disposition des rimes, les répétitions et l'énonciation.
2 Expliquez le titre de ce poème. Qu'éprou- vez-vous ?
3 Relevez dans l'ensemble du poème les images employées pour exprimer l'impossibilité de la relation amoureuse: qu'ont elles en commun?
4 Quel effet la répétition du dernier vers crée-t-elle ?
5 Relevez les expressions qui emploient le champ lexical de la mort: que traduisent-elles?
6 Relisez les strophes 3 et 4. Selon la poétesse, quelles sont les caractéristiques de l'écriture ? Justifiez votre réponse par des citations. Pourquoi l'écriture devient-elle une source de souffrance?