Platon met en scène un dialogue entre Socrate, philosophe, et Ion, rhapsode, c'est-à-dire
musicien et poète, spécialiste d'Homère Socrate conduit lon à faire un aveu qui met en
lumière le pouvoir et la séduction des paroles.
41
SOCRATE. Quand tu déclames à la perfection des vers épiques et frappes au plus au point
ceux qui te regardent, que tu chantes Ulysse sautant sur le seuil de sa maison, et, s'étant fait
reconnaître par les prétendants, répandant les flèches à ses pieds, ou Achille s'élançant à la
poursuite d'Hector ou l'un de ces passages qui suscitent la compassion, sur Andromaque, sur
Hécube, sur Priam', as-tu alors toute ta raison, ou bien ne te sens-tu pas hors de toi ? Et ton
âme, inspirée par le dieu, ne croit-elle pas se trouver en présence des événements dont tu parles,
qu'ils se déroulent à Ithaque, à Troie, et quel que soit l'endroit que décrivent les vers que tu
déclames?
ION. Quelle clarté je vois, Socrate, dans l'indication que tu me donnes ! Je vais te parler, vois-
tu, sans rien dissimuler. En effet chaque fois que je dis quelque chose qui suscite la compassion,
mes yeux se remplissent de larmes ; mais quand c'est quelque chose d'effrayant ou de terrible,
la peur me fait dresser les cheveux et mon cœur se met à sauter.
PLATON, Ion, 535b-c, traduction M. Canto, GF, 1989.
hösterre
la compassion, a
Question d'interprétation : (guidé):
6.
1) À la lecture de ce texte, en quoi consiste la séduction de la parole ? appeyer sav argumentation
gur
texte
ما
2) Platon porte un regard très sévère sur cette séduction, au point de dire dans son ouvrage la
République qu'il bannirait Homère, et tous les poètes qui usent d'une telle séduction, des
programmes scolaires. Pourquoi selon vous ?
3) Quel peut être le pouvoir d'un récit fictif sur son public?