j'aurais vraiment besoin pour cette question à faire pour la rentrée merci
surligne dans le texte les éléments qui montre que phedre est victime de la fatalité (destin)
PHÈDRE
Ỏ puissante Crète¹, qui règnes au loin sur la mer ; toi dont les innombrables vaisseaux ont parcouru toutes les côtes, et sillonné les plaines navigables de Nérée jusqu'aux rivages d'Assyric, devais-tu me laisser comme otage dans ces lieux que je hais², et, me donnant un ennemi pour époux, me condamner à vivre dans la douleur et dans les larmes? mon vagabond époux me délaisse ; l'hymen³ ne l'a pas rendu plus fidèle. Secondant un amant insensé, il a osé descendre avec lui sur les bords ténébreux du fleuve qu'on ne franchit qu'une fois. Il veut ravir sur son trône la reine des enfers. Ni crainte, ni pudeur, ne l'ont pu retenir ; le père d'Hippolyte va, sur les bords de l'Achéron+, servir une flamme coupable et d'adultères amours. Mais un souci plus cruel déchire aujourd'hui mon cœur : ni le calme des nuits, ni les douceurs du sommeil, ne sauraient le calmer. Le mal est en moi, il couve, il s'accroît, il me dévore : c'est le feu qui s'échappe des fournaises de l'Etna³. Je néglige les œuvres de Pallas; la toile commencée s'échappe de mes mains. Je ne puis plus porter dans les temples mes offrandes et mes vœux ; ni, la torche sacrée à la main, au milieu d'un chœur d'Athéniennes, célébrer les mystères silencieux d'Éleusis, ni présenter à la déesse protectrice d'Athènes un hommage pur et de chastes prières. J'aime à poursuivre les habitants des forêts, charger d'un pesant javelot cette faible main. Quel est ce délire ? Insensée, que vas-tu chercher dans les bois ? Je reconnais cette fatalité qui perdit ma mère. C'est dans les bois que commença notre crime à toutes deux. Ô ma mère, que je te plains ! Un taureau fut l'horrible objet de ta passion effrénée ; mais cet amant farouche, chef indompté d'un troupeau sauvage, du moins il savait aimer. Et moi; quel dieu, quel autre Dédale pourrait servir ma flamme infortunée ? Non, quand renaîtrait cet ingénieux artiste qui enferma dans une obscure demeure le fruit monstrueux de tes amours, il ne saurait apporter aucun soulagement à mes maux. Vénus, implacable ennemie des enfants du Soleil, se venge sur nous de l'affront de Mars et du sien. Elle ne cesse de répandre sur nous l'opprobre7 et l'infamie. Nulle fille de Minos n'a brûlé d'une flamme légitime: le crime a toujours part à leur amour.