Non je voulais savoir si quelqu'un pouvait m'aider à trouver une problématique pour un commentaire littéraire avec l'extrait si dessous ?
Parcours Ecrire et combattre pour l'égalité » Commentaire littéraire Le normal, je le rencontrais en particulier chez Brigitte. Mme Desfontaines, toujours là, toupi- nant dans sa cuisine, petits lavages, petite cou- ture minutieuse, et nous interdisant la salle à manger, vous allez salir. Univers menu, où à mes yeux on s'occupait de petites choses, récurer des boutons de porte, quelle farce, et comment s'interroger sérieusement cinq minutes pour savoir s'il fallait faire des nouilles ou du hachis parmentier. Univers ralenti, tellement silen- cieux pour moi qui vis du matin au soir dans un creuset de voix. Ce silence des cuisines l'après- midi. Vide, oppressant, pas celui de l'école, si plein quand les élèves travaillent, prêt à exploser en rires et en cris au-dehors. Un silence engour- dissant. J'avais hâte de partir. C'est là que j'ai découvert une étonnante complicité ménagère entre mère et fille, dont je n'avais pas idée. << Tu as vu ton pull, je l'ai lavé au savon en paillettes, comme neuf. Je vais te faire un dessus-de-lit en cretonne, c'est frais, etc. » Brigitte aide aux épluchages, à la cuisine, et me fait sentir avec suffisance que je ne sais rien faire. Vrai, je ne sais pas as monter une mayonnaise ni même peler une carotte vite et fin mais je pourrais lui rétorquer qu'à l'école je me débrouille plutôt bien. Non, ça ne compenserait pas. Pour une fille, ne savoir rien faire, tout le monde comprend, c'est ne pas être fichue de repasser, cuisiner, nettoyer comme il faut. Comment tu feras plus tard quand tu seras mariée? La grande phrase de logique irréfutable, pour vous mettre le nez dans le caca, pas un ceuf à la coque, bien bien, tu verras si ça plaira à ton mari la soupe aux cailloux! Je rigolais, si loin le mariage, et je regardais vaguement Brigitte taper ses draps vigoureusement, pas un pli au lit, au lieu de rabattre ses couvertures comme moi. Tout de même, je commence à croire qu'il me « manque quelque chose ». Puisque toutes les filles, toutes les femmes doivent s'occuper de leur intérieur, il faudrait bien que j'apprenne ces choses, en plus de mon futur métier Un des étés de l'adoles- cence, malgré les haussements d'épaules de ma mère, perds pas ton temps à ça, fais du vélo, je nettoie ma chambre tous les matins, et même la sienne, offusquée que je deviens par le désordre. Je repasse des torchons, des mouchoirs, du simple pour m'habituer. J'étends le linge de la lessive, une serviette, une épingle, une chemise, une épingle, je festonne la corde en gestes lents, l'air chaud de septembre me caresse les jambes, occupation douce et innocente de fille. Le dimanche, je confectionne une mousse au choco- lat. Avec fierté. Moi aussi je sais. Au repas de famille du 15 août, je boirai du petit-lait, tous ils se régalent, ils disent « meilleur que chez le pâtissier », fini le « qu'est-ce qu'elle deviendra celle-là », ils s'empiffrent joyeusement de ma mousse au chocolat. Exultation d'être complète, il ne me manque plus rien. Annie Ernaux, La Femmes gelée (1981)