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Document : Extraits de la correspondance de Jérôme Bonaparte1 en juillet 1815. Lettre à Catherine de Wurtemberg, son épouse, 15 juillet 1815.

« Le 18 [juin 1815] au matin, en passant devant le quartier général de l’Empereur, je m’arrêtai une heure avec lui, il me reçut avec une affection et une tendresse toute particulières, il assembla les principaux généraux, et une fois, le plan de bataille arrêté, chacun se rendit à son poste. À midi toute l’armée était en ligne ; j’étais à l’extrême gauche, devant un bois occupé par les Anglais : nous avions soixante-dix mille hommes et deux cent quatre-vingts pièces de canon ; l’ennemi en avait quatre-vingt- seize mille […].
À midi un quart, je reçus l’ordre de commencer l’attaque ; je marchai sur le bois que j’occupai à moitié après une vive résistance, tuant et perdant beaucoup de monde ; à deux heures j’étais entièrement maître du bois, et la bataille était engagée sur toute la ligne : mais l’ennemi qui sentit toute l’importance de ce point, accourut avec une réserve2 et me l’enleva. […] C’est alors que l’Empereur ordonna au maréchal Ney de se porter avec une grande partie de la cavalerie, deux corps d’infanterie et la garde […]. C’en était fait de l’armée anglaise si le maréchal Ney eût exécuté les ordres de l’Empereur […]. Nous nous battions ainsi avec acharnement sans gagner ni perdre de terrain, lorsqu’à six heures une canonnade à deux lieues sur notre droite nous fit croire que le maréchal Grouchy débouchait. (C’étaient les Prussiens) : le moment était critique, il fallait ou se retirer, ou notre droite, débordée par les Prussiens, que Grouchy n’était point assez fort pour maintenir, nous faisait perdre la bataille…Il fallut battre en retraite […] ; nous étions au milieu des balles ennemies, Wellington avait une cavalerie toute fraîche qu’il lâcha dans la plaine à huit heures, à neuf heures une terreur panique s’empara de l’armée […] c’était une déroute […]. L’Empereur fut entraîné, personne ne donnait d’ordre et plus d’un mettait le désordre préparé de longue main ; chacun courut jusque derrière la Sambre. […]
L’Empereur a été sublime jusqu’à huit heures du soir, le jour de la bataille ; mais à neuf heures ce n’était plus le même homme… Il pouvait, il devait se porter à l’armée de Grouchy, et non courir à Paris, rallier les restes de son armée, réparer nos pertes par les vingt mille hommes qui se trouvaient dans les dépôts, rappeler Suchet et Lamarque, et réunissant ainsi encore cent trente mille hommes, donner une grande bataille sous les murs de Paris, ou bien faisant noblement le sacrifice de sa personne, abdiquer en couronnant son fils, mais ne quitter ni son armée, ni sa capitale qu’après s’être assuré de la reconnaissance des puissances alliées : son fils aurait régné ; c’était le vœu unanime de toute la France […].
La grande faute de l’Empereur, c’est d’avoir laissé les Chambres assemblées3 pendant son absence, et de n’avoir pas été convaincu qu’il lui était impossible de tirer la France d’une crise aussi dangereuse sans avoir un pouvoir illimité. Rome si jalouse de sa liberté ne s’est sauvée dans les grands périls qu’en remettant toute l’autorité à un seul : et j’avoue que je suis encore à m’expliquer comment il s’est fait qu’un grand génie ait pu commettre une pareille faute. Du reste s’il est vrai que les Anglais aient violé les droits sacrés de l’hospitalité en l’envoyant à Sainte-Hélène comme prisonnier, c’est une tâche à leur honneur national […], pour ne voir en lui qu’un grand homme malheureux : ô temps ! ô mœurs ! ! Je te serre sur mon cœur, ainsi que mon fils, quand serons-nous réunis ? Ce 15 juillet 1815. »







Notes :
1. Le plus jeune des frères de Napoléon Bonaparte, marié en secondes noces à la princesse Catherine de Wurtemberg (1807), il devint roi de Westphalie la même année. Il perdit son trône en 1814. Après avoir combattu à Waterloo, il quitte la France et se réfugie auprès de son beau-père à la cour de Wurtemberg.
2. On appelle « réserve » un groupe de soldats qui vient en renfort.
3. La Chambre des représentants et la Chambre des pairs.
Source : Mémoires et correspondance du roi Jérôme et de la reine Catherine, publiés par le baron Du Casse, tome VII, Paris, 1866.

Questions :
1) Présentez l’auteur de ce texte.
2) Présentez les protagonistes et les enjeux de la bataille de Waterloo.
3) Comment l’auteur rend-il compte de l’ampleur et de la violence et de la bataille ?
4) Identifiez le jugement que porte Jérôme Bonaparte sur les choix militaires et politiques de Napoléon Ier.
5) L’auteur écrit au sujet de la bataille de Waterloo : « c’était une déroute ». Présentez les raisons de la défaite des armées françaises.
6) En vous appuyant notamment sur le dernier paragraphe, précisez quelles sont les conséquences politiques de la bataille de Waterloo pour Napoléon, pour la France et pour l’Europe.

Sagot :

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