Devoir de mi-trimestre
1) Expliquez ces quelques lignes de Russell, philosophe britannique du 20ème siècle, et d'Alain (philosophe
français du 20ème siècle) en vous appuyant l'allégorie de la Caverne de Platon
<< En fait c'est dans son incertitude que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s'y est pas frotté
traverse l'existence comme un prisonnier : prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou
de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. >>
Russell, Problèmes de philosophie - chapitre XV
<< Préjugé. Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit. Le préjugé fait qu'on s'instruit mal. Le
préjugé peut venir des passions ; la haine aime à préjuger mal ; il peut venir de l'orgueil, qui conseille de ne point
changer d'avis; ou bien de la coutume qui ramène toujours aux anciennes formules; ou bien de la paresse, qui
n'aime point chercher ni examiner. »>
Alain, Définitions, 1953
2) Appuyez vous sur le texte de Henri Poincaré (extrait de La science et l'hypothèse (1902)) pour répondre à la
question suivante : Qu'est-ce qui distingue l'enfant du scientifique ?
<< Un fait est un fait; un écolier a lu tel nombre sur son thermomètre, il n'avait pris aucune précaution; n'importe, il l'a
lu, et s'il n'y a que le fait qui compte, c'est là une réalité au même titre que les pérégrinations du roi Jean sans Terre.
Pourquoi le fait que cet écolier a fait cette lecture est-il sans intérêt, tandis que le fait qu'un physicien habile aurait
fait une autre lecture serait au contraire très important? C'est que de la première lecture nous ne pouvons rien
conclure. Qu'est-ce donc qu'une bonne expérience? C'est celle qui nous fait connaître autre chose qu'un fait isolé;
c'est celle qui nous permet de prévoir, c'est-à-dire celle qui nous permet de généraliser. Car sans généralisation, la
prévision est impossible. Les circonstances où l'on a opéré ne se reproduiront jamais toutes à la fois. Le fait observé
ne recommencera donc jamais; la seule chose que l'on puisse affirmer, c'est que dans des circonstances analogues, un
fait analogue se produira. Pour prévoir il faut donc au moins invoquer l'analogie, c'est-à-dire déjà généraliser. >>
Notes:
L'analogie est une identité entre deux rapports ; le rapport de A avec B est le même que le rapport de C avec D.
Exemple: Pour certains philosophes, le rapport du peuple au roi est le même que le rapport du troupeau au berger.
3) John Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain; 1690.
<< Où est l'homme qui a des preuves incontestables de la vérité de tout ce qu'il soutient, ou de la fausseté de tout ce
qu'il condamne, ou qui peut dire qu'il a examiné à fond toutes ses opinions, ou toutes celles des autres hommes ? La
nécessité où nous nous trouvons de croire sans connaissance, et souvent même sur de fort légers fondements, dans
cet état passager d'action et d'aveuglement où nous vivons sur la Terre, cette nécessité, dis-je, devrait nous rendre
plus soigneux de nous instruire nous-mêmes, que de contraindre les autres à adopter nos façons de voir. (...) Et l'on
a raison de croire que, si les hommes étaient mieux instruits eux-mêmes, ils seraient moins tentés d'imposer aux
autres leurs propres manières de voir. >>
Comment caractériseriez-vous la posture que John Locke recommande ici ? Quelle est l'idée principale de ce
court texte?
4) HEGEL, Encyclopédie des sciences philosophiques
<< Nous remarquons par exemple l'éclair et le tonnerre. Ce phénomène nous est bien connu et nous le percevons
souvent. Cependant l'homme ne se satisfait pas de la simple familiarité avec ce qui est bien connu, du phénomène
seulement sensible, mais il veut aller voir derrière celui-ci, il veut savoir ce qu'il est, il veut le concevoir. C'est
pourquoi on réfléchit, on veut savoir la cause, comme quelque chose qui diffère du phénomène en tant que tel. >>
Expliquez ce texte, à la lumière des textes de Descartes et d'Auguste Comte, puis imaginez une suite à ce
texte, qu'Auguste Comte aurait pu écrire.