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. Texte littéraire Le Lion et le Moucheron « Va-ten, chétif¹ insecte, excrément de la terre²! » C'est en ces mots que le Lion Parlait un jour au Moucheron. L'autre lui déclara la guerre. «Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi Me fasse peur ni me soucie ? Un boeuf est plus puissant que toi : Je le mène à ma fantaisie >> A peine il achevait ces mots Que lui-même il sonna la charge, Fut le Trompettes et le Héros. Dans l'abord il se met au large; Puis prend son temps, fond sur le cou Du Lion, qu'il rend presque fou. Le quadrupède écume, et son ceil étincelle; Il rugit, on se cache, on tremble à l'environ : Et cette alarme universelle Est l'ouvrage d'un Moucheron. Un avorton de Mouche en cent lieux le harcelle: Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau, Tantôt entre au fond du naseau. La rage alors se trouve à son faîte montée. L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir. Le malheureux Lion se déchire lui-même, Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, Bat l'air, qui n'en peut mais*; et sa fureur extrême Le fatigue, l'abat: le voilà sur les dents. L'insecte du combat se retire avec gloire : Comme il sonna la charge, il sonne la victoire, Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin L'embuscade d'une araignée: Bly rencontre aussi sa fin. 35 Quelle chose par là nous peut être enseignée ? J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits: L'autre, qu'aux grands pénis tel a pu se soustraire. Qui pèrit pour la moindre affaire. 22GENFROGOME1 Jean de La Fontaine, Fables, livre II, table 9, 1668.