Alors à quoi distinguons-nous celui qui aime de celui qui n'aime pas? Il faut
encore prendre en considération le fait que, en chacun de nous, il y a deux
espèces de tendances qui nous gouvernent et nous dirigent, et que nous allons là
où elles nous dirigent: l'une qui est innée, c'est le désir des plaisirs; l'autre qui
est une façon de voir acquise, c'est l'aspiration au meilleur. Or, ces deux
tendances qui sont en nous, tantôt s'accordent, tantôt se combattent; et c'est
parfois celle-ci qui domine, parfois l'autre. Cela posé, quand c'est une opinion
rationnelle qui mène vers ce qu'il y a de meilleur et qui domine, cette
domination s'appelle «
déraisonnablement vers le plaisir et qui gouverne en nous, ce gouvernement a
pour nom «
présente une grande diversité d'éléments et de formes, et celle de ces formes qui
vient à prédominer sert à nommer l'homme qui la possède, dénomination qui
n'est ni belle ni honorable. Si c'est le désir de la bonne chair qui l'emporte sur
ce que la raison présente comme le meilleur et sur le reste des désirs, voilà la
gourmandise; d'où le nom de «gourmand» qui désignera celui qui a ce vice. S'il
s'agit par ailleurs du désir tyrannique de s'enivrer, on sait bien quel nom recevra
l'homme entraîné sur cette pente. Et il en va de même pour le reste: les noms
apparentés à ceux-là, et qui désignent des désirs apparentés, on voit bien
comment, chaque fois que tel désir exerce son despotisme, il convient de les
attribuer.
Platon, Le Phèdre.
Questions:
1. Expliquez l'opposition qui organise et structure l'argumentation de l'auteur.
2. Pourquoi la tempérance n'a-t-elle qu'un nom alors que la démesure en a de nombreux ?
3. Dans quelle mesure ce texte décrit-il une réalité proche de la « pulsion » définie par Freud?
4. A partir de ce texte et de votre cours, demandez-vous si il suffit d'être conscient de soi pour
se connaître ? Cette réponse doit prendre une position et développer une argumentation
associée à un exemple ou des exemples.
Svp c’est rendre merci