Andy Clark, Natural-Born Cyborgs: Minds, Technologies, and the Future of Human
Intelligence, 2004.
Peut-être sommes-nous déjà des cyborgs [...]. Le cyborg est une puissante icône culturelle de la fin
du XXe siècle. Il évoque des images d'hybrides homme-machine et la connexion physique de la
chair et des circuits électroniques. Mon but est de réinterpréter cette image et de la remodeler, afin
d'en faire, de manière détournée, une révélation (bizarrement) de notre propre nature biologique.
Car, ce qui est spécial dans les cerveaux humains, et ce qui explique le mieux les caractéristiques
distinctives de l'intelligence humaine, c'est précisément la capacité à entrer dans des relations
profondes et complexes avec des artefacts, des accessoires et des instruments non-biologiques.
Mais cette capacité ne dépend pas de connexions physiques de fils et d'implants, elle dépend plutôt
de notre ouverture à des dispositifs de traitement d'informations.
[...] Il s'agit de dépasser le thème familier de « l'homme fabricant d'outils » et de franchir une
étape cruciale. Beaucoup de nos outils ne sont pas de simples accessoires ou instruments externes,
mais font intégralement et profondément partie des procédés de résolution de problèmes que nous
considérons désormais comme caractéristique de l'intelligence humaine. Il vaut mieux concevoir
ces outils comme des éléments à part entière de ce système de traitement d'informations qui
constitue nos esprits.