bonsoir j'ai un devoirs sur la lettre du poilu René Pigeard écrite en 1916 a son père pouvez vous m'aider pour ces questions ? Merci d'avance
quels sont les critiques formulées a l'encontre de cette guerre ?
quels sont les raisons qui poussent se soldats à écrire voici le texte si vous ne l'aviez pas :
« Cher papa,
Dans la lettre que j’ai écrite à maman, je lui disais tout notre bonheur à nous retrouver «
nous-mêmes » après s’être vus, si peu de chose… à la merci d’un morceau de métal !… Pense
donc que se retrouver ainsi à la vie, c’est presque de la folie : être des heures sans entendre
un sifflement d’obus au-dessus de sa tête… Pouvoir s’étendre tout son long, sur de la paille
même… Avoir de l’eau propre à boire après s’être vus, comme des fauves, une dizaine autour
d’un trou d’obus à nous disputer un quart d’eau croupie, vaseuse et sale , pouvoir manger
quelque chose de chaud à sa suffisance, quelque chose où il n’y a pas de terre dedans, quand
encore nous avions quelque chose à manger…
Pouvoir se débarbouiller, pouvoir se déchausser, pouvoir dire bonjour à ceux qui restent…
Comprends-tu, tout ce bonheur d’un coup, c’est trop. J’ai été une journée complètement
abruti. Naturellement toute relève se fait de nuit, alors comprends aussi cette impression
d’avoir quitté un ancien petit bois où il ne reste pas un arbre vivant, pas un arbre qu i ait
encore trois branches, et le matin suivant après deux ou trois heures de repos tout enfiévré
voir soudain une rangée de marronniers tout verts, pleins de vie, pleins de sève, voir enfin
quelque chose qui crée au lieu de voir quelque chose qui détruit !
Pense que de chaque côté des lignes, sur une largeur d’un kilomètre, il ne reste pas un brin
de verdure ; mais une terre grise de poudre, sans cesse retournée par les obus : des blocs de
pierre cassés, émiettés, des troncs déchiquetés, des débris de maçonnerie qui laissent
supposer qu’il y a eu là une construction, qu’il y a eu des « hommes »… Je croyais avoir tout
vu à Neuville. Eh bien non, c’était une illusion. Là-bas, c’était encore de la guerre : on
entendait des coups de fusil, des mitrailleuses, mais ici rien que des obus, des obus, rien que
cela. Fuis des tranchées que l’on se bouleverse mutuellement, des lambeaux de chair qui
volent en l’air, du sang qui éclabousse… Tu vas croire que j’exagère, non. C’est encore en
dessous de la vérité. On se demande comment il se peut que l’on laisse se produire de
pareilles choses. Je ne devrais peut-être pas décrire ces atrocités, mais il faut qu’on sache,
on ignore la vérité trop brutale. Et dire qu’il y a vingt siècles que Jésus-Christ prêchait sur la
bonté des hommes ! Qu’il y a des gens qui implorent la bonté divine ! Mais qu’ils se rendent
compte de sa puissance et qu’ils la comparent à la puissance d’un 380 boche ou d’un 270
français 1… Pauvres que nous sommes !
Nous tenons cependant, c’est admirable. Mais ce qui dépasse l’imagination, c’est que les
Boches attaquent encore. Il faut avouer que jamais on aura vu une pareille obstination dans
le sacrifice inutile : quand par hasard ils gagnent un bout de terrain ils savent ce que ça leur
coûte et encore ne le conservent-ils pas souvent.
J’espère aller bientôt vous revoir et on boira encore un beau coup de pinard à la santé de
ton poilu qui t’embrasse bien fort. »